Des perspectives suisses en 10 langues

Les assemblées générales de Sika se suivent et se ressemblent

Sika, à l'image de son président Paul Hälg, se montre inflexible dans le conflit pour le contrôle du groupe zougois qui l'oppose au français Saint-Gobain depuis décembre 2014 (archives). KEYSTONE/URS FLUEELER sda-ats

(Keystone-ATS) Le scénario s’est répété mardi lors de l’assemblée générale de Sika. Le conseil d’administration du fabricant zougois de spécialités chimiques a été réélu, les administrateurs indépendants étant reconduits grâce à la limitation du vote de la holding familiale SWH.

Les membres indépendants du conseil d’administration, qui sollicitaient tous un nouveau mandat d’un an ont été réélus à Baar (ZG), obtenant entre 77 et 99% des voix. Paul Hälg, l’emblématique président sortant de Sika, a lui aussi été confirmé à son poste. Le conflit avec le groupe français Saint-Gobain dure maintenant depuis bientôt deux et demi.

Les candidats de Schenker Winkler (SWH), la holding des héritiers du fondateur de Sika, à savoir Urs Burkard, qui représente les familles, ainsi que Willi Leimer et Jürgen Tinggren ont en toute logique réalisé les plus mauvais scores. Ces derniers ne disposaient pas du soutien des sociétés de conseils aux actionnaires ISS et Glass Lewis ainsi que de la fondation genevoise Ethos.

Pour une deuxième année consécutive, SWH n’est pas non plus parvenue à faire élire son candidat supplémentaire, Jacques Bischoff. Ces résultats défavorables aux familles héritières s’expliquent par la limitation des droits de vote de la holding familiale, laquelle dispose de 16,4% des actions et 52,6% des voix.

Bis repetita

En début d’assemblée, Paul Hälg a annoncé le plafonnement à 5% des suffrages de SWH pour certains points à l’ordre du jour. Les familles héritières n’ont ainsi pu exercer leurs pleins pouvoirs pour les élections des administrateurs et des membres des comités de l’organe de surveillance.

Tant que les droits de vote de SWH sont limités, la holding familiale n’est pas en mesure d’imposer ses propositions et acter la vente de ses parts à Saint-Gobain, conformément au contrat signé en décembre 2014 avec le géant des matériaux de construction. Comme en 2016 et en 2015, Paul Hälg s’est fondé sur les statuts de l’entreprise pour justifier la manoeuvre.

D’autant plus que cette année, le conseil d’administration, opposé tout comme la direction à la vente de la part de SWH à Saint-Gobain pour 2,75 milliards de francs, peut s’appuyer sur le verdict rendu par la Cour suprême du canton de Zoug. Celle-ci a rejeté le recours de la holding familiale contre la restriction de ses droits de vote. SWH a cependant recouru devant le Tribunal fédéral.

En revanche, la holding familiale a logiquement signé des succès sur les autres points à l’ordre du jour. SWH a ainsi notamment imposé sa volonté de réduire le dividende versé au titre de l’exercice 2015. Les actionnaires toucheront ainsi pour chaque titre détenu un montant supérieur de 23% à celui accordé l’an passé, alors que le conseil d’administration proposait une hausse de 31%.

Absence de solution

A l’entame de la réunion, Paul Hälg a une nouvelle fois regretté qu’aucune solution n’ait pu s’esquisser entre le conseil d’administration et les héritiers du fondateur. “Tous les signaux restent bloqués sur le curseur de la confrontation”, a-t-il observé.

De ce fait, le conseil d’administration n’avait d’autre solution que de limiter les droits de vote de SWH, a poursuivi le président Hälg. Lui succédant au micro, Urs Burkard, ne s’est pour sa part pas bercé d’illusions, observant toutefois que “le conseil d’administration peut gagner une bataille, mais pas la guerre contre son actionnaire majoritaire”.

Alors que les desseins de SWH sont bloqués depuis plus de deux ans, Urs Burkard a assuré, non sans susciter quelques sifflets dans la salle, que SWH continuait à soutenir “fièrement” l’accord signé avec Saint-Gobain, le “partenaire tout trouvé pour reprendre Sika”. M. Burkard a qualifié de “fake news”, les informations selon lesquelles des dissensions seraient apparues parmi les héritiers.

Au moment de la signature de l’accord avec le géant d’outre-Jura, les actions privilégiées Sika détenues par SWH valaient environ 3000 francs l’unité. Mais désormais, le titre, suspendu la durée de l’assemblée générale, se négocie à plus de 6000 francs.

Croissance ininterrompue

A ce prix, la grosse prime offerte par Saint-Gobain ne semble plus nécessairement aussi avantageuse, notent ainsi certains analystes. Un bond de l’action qui s’explique par la vigoureuse croissance qu’affiche Sika.

Une expansion qui s’est d’ailleurs poursuivie au premier trimestre 2017. Le groupe a ainsi vu ses ventes augmenter en l’espace d’un an de 9% à 1,39 milliard de francs.

Depuis 2014, le conflit a déjà coûté 17,4 millions de francs à Sika, dont 4 millions l’an dernier, essentiellement des frais de justice. Paul Hälg en a imputé la responsabilité à SWH qui a intenté huit actions en justice.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision