Des perspectives suisses en 10 langues

Les Chypriotes turcs pour renouer le dialogue par les entreprises

Chypre a lancé des poursuites contre plusieurs entreprises accusées de soutenir le groupe pétrolier turc TPAO pour des exploitations de gaz naturel au large de son territoire (archives). KEYSTONE/AP/LEFTERIS PITARAKIS sda-ats

(Keystone-ATS) Les Chypriotes turcs veulent une nouvelle approche au travers des entreprises, face au blocage des négociations pour une réunification de l’île. Mercredi à Genève, leur chef de la diplomatie a dit qu’un partenariat sur le gaz naturel pourrait relancer un dialogue.

“Nous avons épuisé le partenariat fédéral” et le format entre autorités chypriotes grecques et chypriotes turques, a affirmé devant les correspondants accrédités à l’ONU à Genève Kudret Özersay. Après 45 ans de division, il ne voit pas l’intérêt de nouveaux pourparlers après ceux qui avaient échoué en 2017 en Suisse. “Si nous démarrons des négociations seulement par souci de négocier, il vaut mieux ne pas le faire”, a-t-il ajouté.

En 2011, la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue seulement par la Turquie, avait déjà proposé un comité commun pour administrer les ressources liées aux hydrocarbures. La République de Chypre, qui contrôle deux tiers de l’île et fait partie de l’UE, avait elle rétorqué que cette question touchait à son autorité.

Les tensions liées aux hydrocarbures se sont multipliées ces dernières années. Dernier rebondissement, Chypre a lancé des poursuites judiciaires contre trois entreprises accusées de soutenir les prospections pétrolières et gazières turques dans les eaux de l’île, avait déclaré mardi un responsable du ministère des Affaires étrangères.

Elles se voient reprocher de collaborer avec le groupe pétrolier turc TPAO. Tous les acteurs, y compris l’ONU sont d’accord depuis longtemps pour dire que les ressources sont la propriété “de tous” sur l’île, fait remarquer M. Özersay, également vice-premier ministre au sein du gouvernement chypriote turc.

Appel aux acteurs internationaux

Selon lui, comme au début du rapprochement entre futurs membres de l’UE il y a 60 ans, l’administration en commun de ressources naturelles peut permettre d’avancer. Au total, par rapport à la proposition lancée en 2011, davantage de sociétés privées exploitent le gaz naturel au large de Chypre. Les Chypriotes turcs estiment que les entreprises, et non les acteurs politiques, devraient appliquer une telle collaboration.

Le ministre se dit “ouvert” à la facilitation de pays tiers ou d’autres entités pour aider ce dialogue et pour oeuvrer en cas de dispute. Ce mécanisme pourrait ensuite être étendu à des questions comme la réponse aux désastres ou à des maladies, avant de revenir pour des discussions plus politiques. Ce partenariat est déjà mené sur les personnes portées disparues, fait remarquer M. Özersay.

Nicosie a signé des contrats d’exploration avec plusieurs grands groupes énergétiques étrangers. Mais la Turquie s’oppose à toute exploitation de ces ressources gazières qui exclurait la RTCN. L’UE l’a menacée il y a deux semaines de sanctions si elle poursuit ses forages. Le ministre chypriote turc appelle les acteurs internationaux, Etats comme entreprises, à pousser les Chypriotes grecs à accepter une approche commune.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision