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Les députés fribourgeois veulent davantage en faveur du bilinguisme

Jean-Pierre Siggen n'a pas pu convaincre une majorité du Grand Conseil que le canton de Fribourg faisait déjà suffisamment en matière de bilinguisme par immersion (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le Grand Conseil fribourgeois a accepté mercredi une motion obligeant le Conseil d’Etat à accroître les efforts en faveur de l’apprentissage de la langue partenaire par immersion. Le gouvernement a combattu le texte, argumentant qu’il n’apportait rien de nouveau.

La motion, déposée par le libéral-radical Peter Wüthrich et le socialiste Pierre Mauron, a été accepté par 48 voix contre 29 et 6 abstentions. Elle a suscité un long débat opposant les députés pour en faire plus et les députés estimant que le canton était déjà sur la bonne voie, la minorité germanophone prenant davantage la parole.

Le texte demande que la loi scolaire soit modifiée en ce sens que l’apprentissage de la langue partenaire (français/allemand) soit assuré, en plus du système actuel, par des mesures d’enseignements par immersion, comme un déplacement volontaire des enseignants dans des classes de l’autre langue et un enseignement de certaines branches dans l’autre langue.

Les modalités pratiques devront être définies par la Direction de l’instruction publique (DCIS). Le concept même d’enseignement par immersion devra être expressément mentionné dans la loi et son règlement et, surtout, mis en pratique. Les frais de déplacement sont dérisoires par rapport aux gains, a insisté Peter Wüthrich.

Au-delà du discours

Le député PDC Bruno Boschung a relevé qu’il s’agissait d’une énième tentative pour favoriser quelque chose qui existe déjà. “La promotion du bilinguisme revient pratiquement à chaque session”, a-t-il déploré, en incitant ses collègues à rejeter la motion. Selon lui, il ne faut pas ajouter des mesures à d’autres mesures.

Un avis partagé par le Conseil d’Etat que Jean-Pierre Siggen, chef du DCIS. “Nous sommes dans la phase de la mise en route de tout ce qui a été décidé en la matière. Le bilinguisme ne se décrète pas, il faut le vivre. Il n’y a pas de honte à refuser la motion”, a dit le futur président du gouvernement.

Pierre Mauron a pour sa part relevé que “tout le monde à Fribourg soutient le bilinguisme, du moins en public”. Il s’agit d’aller de l’avant, avec la base volontaire. “Le gouvernement affirme que la loi est déjà appliquée, donnons encore un signal fort”, a-t-il complété. Son collègue Wüthrich a précisé que le canton devait assumer son statut bilingue pour “ne pas perdre la face”.

Portes ouvertes

“La motion enfonce des portes ouvertes, tout est là”, a encore dit Jean-Pierre Siggen. “Quatre dispositifs d’immersion sont prévus dans la loi. Sur le fond, nous sommes dans la liberté des uns et des autres, pas possible d’imposer une deuxième langue, ce qui n’empêche pas de se former dans une autre langue.”

Le ministre démocrate-chrétien a averti du danger de favoriser le développement d’une minorité élitiste. Il a indiqué encore que des classes bilingues nécessitaient des classes plus petites et que dans les échanges entre enseignants, il y avait des blocages sur la culture, la manière d’enseigner.

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