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Les désastres climatiques ont coûté plus de 600’000 vies en 20 ans

(Keystone-ATS) Quelque 90% des catastrophes recensées depuis 1995 sont d’origine climatique, indique un nouveau rapport publié lundi par l’ONU à Genève. L’organisation estime un accord à la COP21 important face à des désastres qui ont coûté plus de 606’000 vies humaines.

A une semaine du début de la Conférence de Paris sur le climat, l’ONU bat le rappel des troupes. Une réussite à cette rencontre est “critique pour l’évolution des tendances en matière de désastres”, a estimé devant la presse la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la réduction des risques de catastrophes, Margareta Wahlstrom.

Pour autant, il serait faux d’attribuer la hausse uniquement au changement climatique, selon la responsable du Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED), Débarati Guha-Sapir. Il a même augmenté la productivité agricole dans certaines régions. Mais ses conséquences, notamment le relèvement du niveau des mers, peuvent malgré tout globalement accentuer les difficultés.

Au total, plus de 4,1 milliards de personnes ont été affectées depuis 1995 par les désastres climatiques, selon le bureau de Mme Wahlstrom, l’UNISDR. Chaque année, 335 désastres climatiques ont eu lieu en moyenne depuis 2005, largement plus que les décennies précédentes.

Nombreuses victimes en Birmanie

Les pays les plus touchés en chiffres absolus sont les Etats-Unis (472 catastrophes), la Chine (441), l’Inde (288), les Philippines (274) et l’Indonésie (163). La Birmanie dépasse largement les autres pays en termes de victimes, avec plus de 139’000 décès, loin devant l’Inde et la Russie. Toute la société est touchée. La classe moyenne supérieure et les hauts revenus constituent même plus de 40% des décès.

Dans le détail, les inondations constituent à elles seules plus de 40% des 6457 catastrophes liées à des phénomènes climatiques ces vingt dernières années. Mais elles ne provoquent pas les dégâts les plus importants en vies humaines. Elles n’arrivent même qu’en troisième position (26%), derrière les tempêtes (40%) et les températures extrêmes (27%).

L’espoir est tout de même de mise puisque les deux types les plus meurtriers peuvent être prédits avec les technologies actuelles. En revanche, les inondations vont devenir de plus en plus une menace, souligne Mme Guha-Sapir.

Contrairement à il y a 30 ans, de faibles précipitations supplémentaires peuvent désormais provoquer d’importants problèmes. Notamment dans les grandes villes, où les infrastructures mises en place renforcent parfois la vulnérabilité des populations.

Jusqu’à 300 milliards de dollars

“Nous devons trouver des solutions à plus long terme” pour éviter des migrations massives et des troubles civils, comme par exemple dans les années 70 en Ethiopie, a souligné la professeure. Le coût économique de ces désastres est considérable. Il est estimé de 250 à 300 milliards de dollars par an.

Parmi les pistes à explorer à la COP21, Mme Guha-Sapir évoque des programmes spéciaux d’assurances sociales en cas de désastres dans les pays pauvres. Dans les pays en développement, des sondages récents montrent que la communication doit être améliorée avec la population.

L’année 2015 est “symbolique” pour les efforts dans la lutte contre les désastres, selon Mme Wahlstrom. Avec l’adoption récente des Objectifs du développement durable (ODD) et d’un cadre de prévention des catastrophes naturelles à Sendai, au Japon, un lien entre toutes les politiques publiques a été établi “comme jamais auparavant”.

Outre les catastrophes naturelles liées au climat, les 10% restants sont essentiellement des tremblements de terre ou des éruptions volcaniques.

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