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Les gares doivent être adaptées aux personnes handicapées d’ici 2023

Les petites gares ne seront pas adaptées sur le plan architectural, mais le personnel ou des liaisons alternatives devront permettre d'aider les personnes handicapées (archives). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) D’ici fin 2023, les transports publics en Suisse devront être accessibles aux personnes handicapées, conformément à la loi (LHand). Les adaptations dans les gares coûteront près de 7 milliards aux autorités et aux entreprises de transport.

En 2016, seules environ 35% des gares étaient utilisables par les personnes à mobilité réduite sans obstacle. Elles sont cependant fréquentées par près de deux tiers des voyageurs.

Sans mesures supplémentaires, plusieurs entreprises ferroviaires risquent de manquer l’objectif imposé par la loi d’adapter les 1800 gares d’ici à fin 2023, a averti jeudi l’Office fédéral des transports devant les médias à Ittingen (BE). La loi sur l’égalité des personnes handicapées (LHand) est entrée en vigueur en 2004.

Cela vaut également pour tous les arrêts (tram, bus et train). L’OFT note à ce titre qu'”il y a encore beaucoup à faire, notamment en ce qui concerne les abribus”, en particulier ceux qui se trouvent hors des villes. Cantons et communes sont responsables de les adapter en conséquence. Les travaux suivent leur cours, précise l’OFT.

La Confédération devra également acquérir de nouveaux wagons, notamment pour le trafic grandes lignes qui accuse un retard par rapport au trafic régional. D’ici à 2023 sur les grandes lignes, au moins un train par heure et direction devra être accessible aux personnes âgées à mobilité réduite. Dans les autres trains, elles continueront de monter avec l’aide du personnel.

Les distributeurs de billets ont quant à eux été adaptés. L’OFT estime qu’environ 90% des systèmes d’information et des automates sont conformes à la loi ou que des solutions de remplacement ont été trouvées.

Davantage de moyens

Pour que les entreprises ferroviaires se conforment rapidement à la loi, l’OFT entend édicter une “instruction de planification”. Les sociétés devront déterminer si une transformation est proportionnelle ou si des mesures compensatoires sont nécessaires, sous forme de liaisons alternatives par exemple.

L’Union des transports publics (UTP) estime que cette mesure, qu’elle a développée, laisse une marge d’interprétation suffisante aux sociétés de transport, plusieurs solutions étant possibles dans la plupart des cas, écrit-elle jeudi. Inclusion Handicap, faîtière des organisations des personnes handicapées, émet de “grandes réserves” quant à cette stratégie. Elle craint notamment que des aménagements partiels moins coûteux ne soient négligés.

Berne exigera aussi des entreprises ferroviaires des plans de mise en oeuvre de la loi afin de garantir une pratique standardisée. Par ailleurs, la Confédération devrait mettre plus d’argent à disposition pour la transformation des gares.

Comme il l’a annoncé fin mars, l’OFT prévoit à cet effet de demander deux milliards de francs supplémentaires au Parlement pour les années 2021 à 2024. Dans le mandat de prestations actuel sur les infrastructures entre la Confédération et les entreprises ferroviaires figure déjà un montant d’environ deux milliards pour des adaptations dans les gares.

A cela s’ajoute entre 0,6 et 1,8 milliard pour l’assainissement des gares principales (adaptation à la loi, sécurité et capacité) que Berne souhaite investir dans le cadre de l’étape d’aménagement 2030/35. L’Union des transports publics s’en réjouit. La procédure de consultation à ce sujet doit être lancée en automne.

L’ensemble des adaptations nécessaires dans les gares représentent environ 6 à 7 milliards de francs, selon l’OFT. La Confédération, les cantons, communes et entreprises de transport se partagent les coûts.

Un quart pas adapté

Grâce à ces mesures, environ trois quarts des gares seront adaptées et pourront être utilisées en toute autonomie par les personnes handicapées, mais aussi par les seniors à mobilité réduite, les voyageurs avec de gros bagages ou les familles avec poussette.

Pour le quart restant, des petites gares par lesquelles ne transitent que 15% des passagers, aucune adaptation architecturale n’est prévue. Les obstacles devront tout de même être supprimés en mettant à disposition du personnel ou des liaisons alternatives. Inclusion Handicap s’inquiète: ce sont 450 emplacements qui ne seront pas réaménagés pour les personnes handicapées.

Bien qu’il “reste encore beaucoup à faire” d’ici fin 2023, l’UTP pense que la “majeure partie” de la loi pourra être mise en oeuvre dans les délais. L’Association transports et environnement (ATE) est satisfaite des mesures de l’OFT, écrit-elle jeudi. Elle constate l’engagement des exploitants pour répondre aux normes, en particulier celui des CFF.

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