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Les inondations forcent des évacuations en masse dans l’est du Canada

L'île Bizard, à l'ouest de Montréal, a été submergée par la montée des eaux. KEYSTONE/AP The Canadian Press/RYAN REMIORZ sda-ats

(Keystone-ATS) Des milliers de personnes étaient évacuées ou en passe de l’être dimanche dans la moitié est du Canada devant la montée inexorable des eaux. L’armée a triplé ses effectifs pour venir en aide aux sinistrés.

La rupture de trois petites digues provisoires à Pierrefonds, à l’ouest de l’île de Montréal en fin de nuit dimanche, a fait monter le niveau des eaux de 10 cm dans des zones déjà largement inondées forçant à de nouvelles évacuations.

Depuis les rives du lac Ontario (centre) et Toronto, où le pire est passé, jusqu’à plus de 500 km en aval du fleuve Saint-Laurent, le niveau des eaux continuait à monter avec un pic prévu lundi au Québec, selon le ministère de la Sécurité civile.

Etat d’urgence à Montréal

La ville de Montréal a décrété l’état d’urgence pour l’agglomération et plus spécialement pour quatre arrondissements de l’ouest de l’île, a annoncé dimanche à la mi-journée le maire Denis Coderre. Cette mesure exceptionnelle permettra d’ordonner l’évacuation des habitants des zones inondées et sous la menace d’une montée soudaine des eaux, a expliqué le maire.

Plus d’un millier de personnes ont déjà été évacuées au Québec dont une grande majorité à Gatineau, près d’Ottawa, a indiqué la cellule d’urgence du ministère provincial dans son dernier bulletin dimanche. Plus de 2000 résidences sont inondées dans les 130 municipalités sinistrées de la province, et les autorités pressent les habitants à évacuer.

L’armée en renfort

Depuis samedi l’armée a commencé à déployer 400 soldats qui contribuent principalement à acheminer des sacs de sable pour ériger des digues afin de protéger les habitations.

Les effectifs devaient plus que tripler dimanche soir, a souligné le lieutenant-colonel Pascal Larose avec environ 500 sur la région de Montréal et 400 sur les 140 kilomètres entre Gatineau et Rigaud sur la rivière des Prairies. En peu plus de 500 autres soldats étaient acheminés dans la région de Trois-Rivières à 130 km plus à l’est de Montréal.

“Les 48 prochaines heures vont être déterminantes” avec la montée du niveau des eaux d’une vingtaine de centimètres, a indiqué Denis Coderre lors d’une conférence de presse.

Entre désespoir et soulagement

Pour les sinistrés, c’est un mélange de désespoir et de soulagement. “Nous sommes contents que l’armée soit là, nous savions qu’elle allait venir (…) mais nous allons voir ce qu’il va arriver par la suite”, a confié à l’AFP Donald McElligan, un habitant de la rue des Rivières à Pierrefonds, à 30 km à l’ouest de Montréal.

A quelques rues de là, Robert Robillard n’a toujours pas évacué sa maison où “environ 10 à 15 cm d’eau a envahi le sous-sol”, dans la nuit de samedi à dimanche. “J’ai pas vu cela depuis 1974 quand l’environnement n’était pas le même car il n’y avait pas autant de maisons”, a-t-il indiqué.

A Rigaud, à 50 km en amont de Montréal, le maire Hans Gruenwald a annoncé un arrêté ordonnant l’évacuation obligatoire d’une centaine de maisons. Depuis maintenant près de trois semaines sous les eaux, “les gens n’ont plus la capacité physique ni la capacité morale et j’ai pris l’initiative de les évacuer”, a-t-il dit sur la chaîne LCN.

Environ 400 axes routiers sont coupés, avec notamment l’autoroute 50 à Gâtineau, ou vers le centre du Québec et la Gaspésie à l’est.

Jusqu’à 70 mm de pluies

Les services météorologiques d’Environnement Canada prévoient des précipitations se déplaçant vers la côte atlantique avec des hauteurs jusqu’à 70 mm sur la Gaspésie dans les prochaines heures.

Avec les intempéries autour de l’île de Montréal, plusieurs écoles ont déjà annoncées que les élèves ne seront pas accueillis lundi en raisons des difficultés de circulation. Des dizaines de centres d’accueil, souvent dans des gymnases, ont été ouverts pour héberger les sinistrés.

Pour le Nouveau-Brunswick, les inquiétudes restent mesurées. “En dépit des précipitations des dernières 24 heures qui ont dépassé les 100 millimètres dans certaines régions de la province, on ne signale que des inondations mineures sans impact majeur”, a indiqué dimanche l’Organisation des mesures d’urgence du Nouveau-Brunswick.

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