Les insectes profitent des forêts dévastées par les tempêtes
(Keystone-ATS) Les violentes tempêtes comme Lothar ou Kyrill ont du bon pour le monde des insectes. La diversité de ceux-ci sur des parcelles forestières dévastées est deux fois plus grande que dans des forêts intactes, selon une étude de l’institut WSL.
Grâce au passage de vents violents, des zones auparavant ombragées retrouvent la lumière, modifiant le climat et la végétation, écrit l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) dans un communiqué publié vendredi. Le bois mort jonche le sol. Les conditions sont alors idéales pour les organismes vivants.
Les chercheurs du WSL ont recensé les différentes espèces d’insectes sur trois parcelles détruites par Lothar en 1999: une hêtraie à Sarmenstorf (AG), une pessière à Messen (SO) ainsi qu’une forêt mixte à Habsburg (AG). Ils y ont collecté des insectes pendant deux étés grâce à des pièges suspendus et au sol. Des forêts voisines laissées intactes par la tempête ont servi de parcelles de contrôle.
Quatre fois plus d’espèces d’abeilles
En moyenne, les chablis accueillent deux fois plus d’espèces que les forêts intactes; on y trouve même pratiquement quatre fois plus d’espèces d’abeilles, de guêpes et de punaises, relève le WSL. “Par ailleurs, ces zones dévastées attirent de nombreux coléoptères menacés, surtout ceux qui dépendent du bois mort”, explique Beat Wermelinger, entomologiste au WSL et auteur principal de l’étude.
Les forêts intactes abritent par contre des insectes plutôt moins exclusifs, poursuit-il. Les scolytes et carabidés par exemple y sont plus fréquents, 72% des scolytes sont des bostryches noirs du Japon, une espèce introduite en Europe.
Importance du bois mort
Les chablis nettoyés et ceux laissés tels quels ne se distinguent que peu en ce qui concerne la diversité des espèces. Selon le WSL, cela provient sans doute du fait qu’il reste assez de bois mort dans les forêts.
Néanmoins, de nombreuses espèces de coléoptères sont dépendantes de gros troncs pourris, car ceux-ci offrent à long terme des biotopes suffisamment humides.
Pour préserver la diversité des insectes, il serait donc judicieux de nettoyer certaines zones et d’en laisser d’autres intacts, estime Beat Wermelinger. Cela profitera à la diversité des insectes, conclut le chercheur dont l’étude est parue dans la revue spécialisée Forest Ecology and Management.