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Les jeunes parents ont un risque très élevé d’être à l’aide sociale

Etre très jeune parent et élever seul son enfant augmente fortement le risque de dépendre de l'aide sociale (archives). Keystone/DPA dpa/UWE ANSPACH sda-ats

(Keystone-ATS) Le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale a augmenté dans les villes suisses. Être tout jeune parent et élever seul son enfant accroît fortement le risque de devenir assisté: plus de 80% des mères de moins de 25 ans dans ce cas dépendent de l’aide sociale.

Le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale a augmenté en moyenne de 5,2% l’an dernier dans les villes suisses, d’après le dernier rapport sur les indicateurs de l’aide sociale publié mardi. Les années précédentes, la hausse était inférieure à 3%.

L’étude porte sur 14 villes, ce qui représente un peu plus d’un quart de tous les bénéficiaires en Suisse. Elle a été menée conjointement par la Haute école spécialisée bernoise et l’Initiative des villes pour la politique sociale.

Si presque toutes les villes affichent un taux en progression, la hausse est plus nette dans celles de taille moyenne et les agglomérations. En cause, la croissance de la population, du chômage et du nombre des chômeurs en fin de droits. Les personnes peu qualifiées ont particulièrement de peine à trouver un emploi, a expliqué Michelle Beyeler, auteure du rapport, devant les médias à Berne.

De plus en plus de ressortissants extra-européens reçoivent une aide. Il s’agit de réfugiés reconnus et admis provisoirement, selon l’experte. La majorité des bénéficiaires de l’aide sociale sont toutefois des Suisses. Les villes de Lausanne, Bienne, Bâle et Schlieren (ZH) font exception avec une part de personnes étrangères à l’aide sociale supérieure à 50%.

Etre jeune et élever seul son enfant

Dans les villes, les ménages avec au moins un mineur sont plus susceptibles d’être assistés que les ménages sans enfant. Les familles sont donc plus exposées au risque de pauvreté et elles le sont d’autant plus s’il n’y a qu’un parent (familles monoparentales).

Le risque d’être à l’aide sociale est ainsi extrêmement élevé pour le – petit – groupe constitué des mères de moins de 25 ans élevant seules leurs enfants: en moyenne, plus de 80% de ces ménages sont à l’aide sociale. Et ce également dans les villes affichant un taux d’aide sociale bas, a précisé le municipal de la ville de Lucerne Martin Merki.

Ceci vaut aussi pour les personnes divorcées, séparées ou veuves habitant seules. Le risque d’être assisté est “maximal” pour les hommes divorcés vivant seuls: environ 20% de ces ménages bénéficient de l’aide sociale.

Lausanne, exemplaire

Les grandes villes comme Zurich (4,6%), Berne (5,1%) et Lausanne (8,8%) affichent un taux d’aide sociale stable, voire en léger recul. A Zoug et Wädenswil (ZH), il a aussi peu évolué. Dans les plus petites villes de Schaffhouse (3,3%) et Coire (3,2%), la tendance est croissante. Le chef-lieu grison a connu une nette progression depuis 2014 (+0,6%).

A Bâle, en revanche, le taux de bénéficiaires est passé de 6,3% à 6,7% en une année, alors que la Ville visait une baisse. Cela s’explique notamment par le franc fort, qui se répercute sur le marché du travail, a évoqué l’auteure du rapport.

Les villes de taille moyenne et agglomérations – Winterthour (5,5%), Schlieren (5%), Lucerne (3,8%), Saint-Gall (4,4%), Bienne (11,8%) et Uster (1,6%) – affichent une hausse comprise entre 0,2 et 0,3%. Les trois premières connaissent une augmentation constante depuis plusieurs années.

Si les deux villes romandes présentent le taux le plus élevé de personnes assistées, la capitale vaudoise a réussi à le faire baisser considérablement depuis 2012. Le canton a récemment introduit les prestations complémentaires pour familles, les rentes-pont et des programmes ciblés pour les jeunes adultes. Lausanne compte ainsi moins de familles à l’aide sociale, a dit Oscar Tosato, municipal lausannois.

Berne et Bâle ont aussi réagi à la situation en proposant des programmes spécifiques aux familles monoparentales. Actuellement, les personnes concernées bénéficient de l’aide sociale durant 42 mois en moyenne, un chiffre stable. Plus la durée de l’assistance est longue, plus il est difficile de réintégrer le marché du travail, d’où la nécessité d’intervenir le plus tôt possible, a conclu Nicolas Galladé, municipal de Winterthour, évoquant l’exemplarité de Lausanne.

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