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Les médias suisses se numérisent, leur qualité chute, dit une étude

(Keystone-ATS) Les médias en ligne attirent de plus en plus de consommateurs en Suisse, tandis que les journaux, radios et télévisions perdent des utilisateurs. Conséquence: le divertissement prend toujours plus le pas sur les nouvelles dites “sérieuses”, selon une étude.

“Les médias d’information traditionnels – journaux, radios et télévisions – ont connu une nouvelle baisse d’audience en 2014, tandis que l’utilisation des médias en ligne continue d’augmenter”, constate l’institut de recherche zurichois “Public et Société” (fög).

Soutenu entre autres par l’Université de Zurich, il a publié lundi son sixième rapport sur la qualité des médias en Suisse. Il base notamment ses données sur les chiffres d’utilisateurs et d’audience de la REMP, de Net-Metrix et Mediapulse.

Cette numérisation du paysage médiatique accroît l’importance de “l’info-divertissement”. Car sur les réseaux sociaux et les médias en ligne, les usagers se transmettent avant tout des liens avec des contenus d’assez faible qualité, indique l’institut de recherche.

Sur les 200 articles transmis, “likés”, “tweetés”, “retweetés” ou commentés le plus fréquemment sur les sites d’information ou sur Facebook en 2014, 61% sont des nouvelles de divertissement. Quelque 80% d’entre eux sont en outre épisodiques, c’est-à-dire sans mise en perspective, et 53% sont pourvus d’une “charge moralisante-émotionnelle.”

Les jeunes veulent du divertissement

Ce constat est particulièrement criant chez les jeunes, selon fög. Ils sont de plus en plus attirés principalement par les offres de divertissement en ligne.

Selon les calculs de l’institut, entre 2009 et 2015, la proportion de jeunes adultes qui s’informe régulièrement par les journaux imprimés par abonnement est passée de 44% à 26%. Pour la télévision, cette part est passée de 65% à 39%, et pour la radio de 66% à 53%.

En outre, le nombre de jeunes adultes qui ne s’informent plus du tout par l’intermédiaire des médias classiques augmente nettement: de 35 à 56% pour les journaux par abonnement, de 4 à 11% pour la télévision et de 8 à 13% pour la radio.

Synergies et fusions

Autre constat des chercheurs: la numérisation du paysage médiatique affaiblit financièrement les médias d’information. Car “la propension à payer pour les médias d’information en ligne reste faible et les recettes publicitaires restent loin en deçà des attentes.”

Cette faiblesse structurelle conduit les entreprises suisses de médias à multiplier les synergies et les fusions entre leurs propres titres. Et les chercheurs de fög de déplorer cette “concentration de la presse” suisse.

Ainsi, en 2014, les éditeurs Tamedia et Ringier contrôlaient ensemble presque 80% du marché de la presse en Suisse romande. En Suisse alémanique, les deux fournisseurs détenaient environ 60% du marché.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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