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Les médicaments coûtent nettement plus en Suisse qu’à l’étranger

Les médicaments génériques coûtent en moyenne plus du double en Suisse par rapport aux pays européens (photo symbolique). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) La différence de prix des médicaments entre la Suisse et l’étranger reste significative. Elle atteint 14% pour les produits protégés par un brevet. Pis, pour les génériques, les Suisses paient plus du double que les Européens.

L’enquête, présentée jeudi à Berne, compare les prix de 490 produits, 250 brevetés et 240 génériques. Pour un médicament breveté de 100 francs en Suisse, les Européens paient 86 francs. Pour un générique de 100 francs ici, les Européens déboursent 47 francs, montre l’enquête des faîtières des assureurs et de l’industrie pharmaceutique, santésuisse et Interpharma.

Cette huitième comparaison a été établie sur la base d’un taux de change de 1,07 franc pour un euro en septembre 2016. Un an plus tôt, ce taux de change était de 1,20, ce qui réduisait quelque peu la différence de prix entre la Suisse et les neuf pays européens de référence.

Pas nouveau

“L’évolution des prix des médicaments n’est pas nouvelle; elle s’est accentuée durant les deux dernières années”, a relevé Verena Nold, directrice de santésuisse, devant la presse. “Nous devons agir sans quoi l’écart va continuer de se creuser”.

Pour les assureurs, il faudrait un ajustement annuel des prix de tous les médicaments et non un contrôle portant sur seulement un tiers des produits. Santésuisse entrevoit là un potentiel d’économie de 240 millions de francs supplémentaires sur les médicaments brevetés.

En outre, on pourrait favoriser davantage les génériques en les prescrivant plus largement à la place des marques et en mettant un système de prix de référence. La faîtière évalue ici les économies possibles entre 388 et 808 millions de francs.

Chiffres acrobatiques, selon Interpharma

Au total, elle estime à près d’un milliard de francs les économies possibles, ce qui représente 4% sur les primes d’assurance ou 125 francs de moins par an par assuré. Pour le directeur ad interim d’Interpharma, Heiner Sansmeier, santésuisse “joue avec les chiffres”. Il rappelle que la hausse des prix dans le secteur des médicaments a été plus faible que celle des dépenses de santé.

Il se félicite au contraire du nouveau système de fixation des prix qui tient mieux compte du bénéfice thérapeutique que par le passé. Entrée en vigueur début mars, la nouvelle méthode repose désormais pour moitié sur une comparaison avec les prix de l’étranger et pour l’autre moitié sur une comparaison thérapeutique.

Il n’y a cependant toujours pas de prise en compte du pouvoir d’achat, regrette Interpharma. Et les prix ne peuvent être corrigés qu’à la baisse. “Les prix vont de toute façon continuer à diminuer, ne serait-ce qu’en raison de la surestimation du franc par rapport à l’euro”, relève-t-il.

Le ministre de la santé Alain Berset a martelé en février la nécessité de faire baisser les prix des médicaments. Entre 2012 et 2014, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a atteint 600 millions de francs d’économies grâce à des ajustements sur 1500 produits.

Pour les trois prochaines années, il prévoit 180 millions d’économies. Il veut en sus économiser 60 millions en trois ans du côté des génériques.

Des pommes et des poires

Pour la faîtière des fabricants de génériques Intergenerika, cette nouvelle enquête de santésuisse et Interpharma n’est une fois de plus pas représentative. Elle ne prend en compte que les prix sans intégrer le rapport qualité-prix, selon elle. “On compare des pommes avec des poires”, écrit-elle dans un communiqué.

Intergenerika met en garde contre un dumping: certains produits sont déjà vendus en dessous de leur coût de fabrication. Elle ne veut pas non plus entendre parler d’un système qui réduirait le libre choix du médecin et des pharmaciens, au profit des caisses.

“Quatre personnes interrogées sur cinq refusent un modèle d’assurance dans lequel c’est la caisse qui décide à la place du médecin le type de générique à administrer. Et ceci même si elles peuvent économiser trois francs par mois sur leur prime”, indique-t-elle. Interpharma estime aussi qu’un changement de système n’est pas judicieux pour le moment.

La comparaison de santésuisse et Interpharma comprend les prix de fabrique pratiqués en Suisse, ceux d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, du Danemark, de Finlande, de France, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas et de Suède.

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