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Les pharmas suisses ne risquent rien aux USA, selon Thomas Cueni

Pour le nouveau directeur de la Fédération internationale de l'industrie pharmaceutique Thomas Cueni, les groupes suisses sont très innovants et déjà bien installés aux Etats-Unis (archives). KEYSTONE/LUKAS LEHMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Le nouveau directeur de la Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique (IFPMA) estime que les groupes suisses ne risquent rien suite aux pressions du président américain Donald Trump. Il juge par ailleurs que les pharmas n’ont pas de problèmes d’image.

Les Etats-Unis, qui estiment trop payer pour d’autres pays, vont “mettre beaucoup de pression. C’est un argument que je peux comprendre et dont les conséquences seront intéressantes, d’autant que les Etats-Unis prévoient une réforme fiscale qui les rendra très compétitifs dans leurs exportations”, juge Thomas Cueni dans une interview parue dans Le Matin Dimanche et la SonntagsZeitung.

Le Bâlois avance deux raisons pour expliquer sa confiance envers les groupes suisses dans ce contexte: ils sont d’une part “très innovants et, d’autre part, ils y (aux Etats-Unis) sont déjà bien installés.”

Pour rappel, Donald Trump a reçu fin janvier les patrons de plusieurs grands groupes pharmaceutiques. Le président américain, qui a ardemment critiqué le secteur de la pharma ces derniers mois, leur a demandé de produire davantage de médicaments aux Etats-Unis, tout en baissant leurs prix.

Nouvelles règles

Interrogé sur les nombreuses amendes payées par l’industrie pharmaceutique, Thomas Cueni met en avant le fait que ces amendes sont généralement liées à des affaires datant de plusieurs années. “Les pharmas ont le mérite d’avoir induit des changements. Elles ont adapté leur code conduite et leurs méthodes marketing”, pondère-t-il.

“Les groupes ont réagi car ça leur coûte cher, aussi bien financièrement qu’en termes d’image”, poursuit-il, ajoutant que “la prise de conscience est réelle, le changement est réel et la volonté d’appliquer ces nouvelles règles est aussi réelle.”

Quant à savoir si cela va suffire à faire changer l’image des pharmas dans l’opinion publique, celui qui était auparavant secrétaire général de l’association suisse Interpharma depuis environ 28 ans se montre positif.

Pour lui, les Suisses sont conscients de l’importance de la recherche pharmaceutique “autant pour la qualité de notre système de soins que pour l’économie du pays dans son ensemble.” Neuf Suisses sur dix se disent fiers de ce secteur, argue celui qui est à la tête de l’IFPMA, à Genève, depuis début février.

Génériques toujours plus chers en Suisse

Revenant sur les différences de prix des médicaments entre la Suisse et les pays voisins, Thomas Cueni relève que “pour des produits innovants, ces écarts ont nettement diminué depuis les années 1990. Aujourd’hui, ils sont de l’ordre de 10 à 20% par rapport à la moyenne des autres pays européens.”

Il reconnaît par contre que l’écart des prix des génériques reste bien plus élevé. “Ils resteront toujours deux fois plus chers chez nous qu’en Espagne, en Grèce ou en France”, projette-t-il, alors que la pression des gouvernements sur l’industrie augmente.

“Comme tous les gouvernements ont des problèmes budgétaires, ils s’attaquent aux coûts variables”, constate Thomas Cueni.

Dans ce débat sur l’efficience des systèmes de santé, “il faut valoriser les progrès thérapeutiques plutôt que seulement les dépenses en recherche et développement. C’est le seul moyen de valoriser correctement le prix des médicaments” et de “justifier le prix d’un médicament innovant”, explique-t-il.

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