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Les quatre premières banques du pays ont besoin de capitaux

(Keystone-ATS) La Banque centrale européenne (BCE) a estimé à 14,4 milliards d’euros (15,6 milliards de francs) le besoin en capitaux des quatre principales banques grecques. Un montant inférieur aux sommes prévues par les partenaires de la Grèce pour leur recapitalisation.

La banque centrale a mené ces derniers mois une vaste revue des actifs des banques ainsi qu’un test de résistance. Cet examen “révèle un besoin de capital total de 4,4 milliards d’euros dans le scénario de base et de 14,4 milliards d’euros dans le scénario défavorable”, marqué par une forte dégradation des conditions financières et économiques en Grèce, écrit la BCE dans un communiqué.

Sont concernées les banques Alpha Bank, Eurobank, NBG et Banque du Pirée. Cette dernière apparaît comme la plus fragile, avec un manque de capital de près de 5 milliards d’euros en cas de scénario défavorable et de 2,2 milliards dans le scénario de base.

Samedi soir, la Banque du Pirée a annoncé ses résultats sur les neuf premiers mois de l’année avec une hausse de 17% sur un an de ses bénéfices avant impôts et provisions, à 875 millions d’euros et des pertes à 635 millions.

Pour la même période, Alpha a annoncé une hausse de 8,7% de ses bénéfices avant provisions à 871,6 millions d’euros et des pertes après impôts de 838 millions d’euros.

La NBG a enregistré pour le deuxième trimestre des bénéfices avant provisions à 434 millions, en hausse de 22% par rapport au premier trimestre et des pertes après impôts et provisions à 1,614 milliard d’euros.

Réserves supplémentaires

Ces quatre banques ont jusqu’au 6 novembre pour présenter un plan de refinancement à l’autorité européenne de supervision, nouvel organe de contrôle bancaire, qui opère sous l’égide de la BCE.

“Cela va ouvrir un processus de recapitalisation dans le cadre du programme d’ajustement économique (en Grèce) qui doit être achevé d’ici la fin de l’année”, a précisé la BCE.

“Le fait de couvrir ces besoins en levant du capital va se traduire par la création de réserves supplémentaires pour les banques”, contribuant à améliorer leur résistance financière et leur capacité à faire face à de nouvelles crises, est-il ajouté.

Plombées par les créances douteuses sur fond de récession, les banques grecques se sont encore considérablement affaiblies en raison de la fuite des capitaux surtout pendant le premier semestre, lors de la crise des relations entre le gouvernement de gauche en Grèce et ses partenaires européens.

Loi adoptée au Parlement

La recapitalisation de ces quatre banques grecques est prévue dans le cadre du nouveau prêt accordé à Athènes en juillet par la zone euro. Dans le cadre de cet accord, 25 milliards d’euros ont été mis à disposition des banques, dont 10 milliards déjà versés au Fonds hellénique de stabilité (FHS).

Le Parlement grec a adopté samedi soir avec une grande majorité le projet de loi fixant les règles du lancement de cette recapitalisation dès lundi. Tous les partis parlementaires à l’exception des communistes KKE et les néonazis d’Aube dorée ont voté en faveur de cette loi.

Le ministre grec des Finances Eucleide Tsakalotos s’est dit “optimiste” sur la procédure de la recapitalisation et a souligné que la participation de la Banque européenne de développement (BERD) à la recapitalisation était un bon signe pour les marchés.

Le projet de loi prévoit un rôle renforcé pour le FHS, partie prenante de l’opération, qui devra évaluer la gestion des banques par leur direction.

Stimuler les investisseurs

Les quatre banques vont faire appel à des capitaux privés pour couvrir leurs besoins. Mais si le secteur privé ne répond pas présent, “les banques entreront dans une procédure d’assainissement (resolution)”.

“On s’attend à ce que les contributions des investisseurs privés jouent un rôle important” à la procédure en obtenant des actions ordinaires, a fait savoir la BCE durant une téléconférence de presse.

En cas de recours des banques à la somme de 25 milliards d’euros prévue par les créanciers, les montants utilisés seront convertibles en actions ordinaires donnant plein droit de vote. La loi prévoit, en cas d’urgence, des titres de dettes dites “cocos” convertibles en actions ordinaires (contingent convertible bonds).

Le troisième plan de secours financier accordé cet été à la Grèce par ses créanciers internationaux s’élève au total à 86 milliards d’euros. Le fait que les besoins estimés soient inférieurs aux 25 milliards destinés au soutien du secteur bancaire grec pourrait inciter les investisseurs à revenir dans le pays.

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