Des perspectives suisses en 10 langues

Les sénateurs ne veulent pas débrancher les centrales nucléaires

(Keystone-ATS) Pas question de limiter la durée de vie des centrales nucléaires. Contrairement au National, le Conseil des Etats a refusé mercredi par 25 voix contre 15 le principe d’un arrêt de toutes les centrales nucléaires suisses dans un horizon proche.

La gauche alliée des Vert’libéraux aurait voulu fixer une date butoir aux deux plus anciennes centrales de Suisse, comme le National l’a fait en décembre.

Le risque augmente avec l’ancienneté des centrales, il faut donc débrancher les plus vieilles avant que ce ne soit trop tard, a défendu en vain Didier Berberat (PS/NE). “En Suisse, nous avons tendance à souffrir d’un complexe de supériorité technique. Et les Japonais aussi, avant Fukushima. Nous n’avons pas besoin d’aller jusque là!”

Quelle sécurité?

Par 25 voix contre 20, les sénateurs n’ont pas non plus voulu du concept d’exploitation à long terme décidé par le National. Les propriétaires de centrales auraient dû présenter un concept de sécurité à long terme à l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN). Après son accord, l’exploitation aurait pu être prolongée à coups de dix ans.

La question ne concerne pas Mühleberg, puisque son exploitant, le groupe BKW Energie a décidé de fermer le robinet en 2019. Mais les deux centrales de Beznau pourraient prolonger leur exploitation jusqu’à un maximum de 60 ans d’existence, moyennant un concept de sécurité.

“Avec un tel concept, on aura bien davantage d’insécurité et d’incertitudes, notamment en terme d’approvisionnement”, a jugé Roland Eberle (UDC/TG). Nul besoin d’ajouter des dispositions dans la loi: l’IFSN peut agir sans elles, a poursuivi Georges Theiler (PLR/LU). “Le système actuel a très bien fonctionné jusqu’à maintenant.”

Selon les standards

“Notre système est sûr: les centrales suivent les standards internationaux et se soumettent à chaque contrôle”, a défendu la conseillère fédérale Doris Leuthard.

“L’IFSN estime qu’il faut éviter de pousser les centrales nucléaires jusqu’au bout: c’est dans leur dernière phase qu’elles sont les plus dangereuses”, a attaqué en vain Verena Diener (PVL/ZH).

Actuellement, l’organe de contrôle n’a aucun moyen pour contraindre les centrales atomiques à mettre en oeuvre ses recommandations. Cette lacune a déjà été signalée en 2012, a-t-elle rappelé. Le concept aurait permis à l’inspection de pouvoir agir avant cela et d’assurer la sécurité de la population, a ajouté Robert Cramer (Verts/GE).

Moratoire sur les nouvelles centrales

Aucune nouvelle centrale nucléaire ne devrait en revanche être construite. Le Conseil des Etats s’est rallié à l’interdiction de l’octroi d’autorisation générale décidée par le National.

“Il ne serait de toute façon plus possible de nos jours de construire des centrales nucléaires en Suisse”, a remarqué Ivo Bischofberger (PDC/AI).

Initiative ambitieuse

La stratégie énergétique 2050 devrait tenir lieu de contre-projet à l’initiative populaire des Verts “Sortir du nucléaire”. Les sénateurs ont pris le contre-pied du National, qui n’aurait pas voulu fait de la stratégie un contre-projet indirect.

Le texte des écologistes réclame la mise hors-service de Beznau I un an après le feu vert du peuple, alors que les quatre autres centrales devraient être fermées dès qu’elles atteindront l’âge de 45 ans.

Au vu des débats, cette idée ne devrait pas rassembler de majorité au Conseil des Etats. Il traitera ce point ultérieurement. Le National a clairement rejeté l’initiative des écologistes par 120 voix contre 71.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision