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Les Salvadoriens aux urnes pour élire leur président

L'ancien maire de San Salvador Nayib Bukele (37 ans) fait la course en tête à l'élection présidentielle du Salavador sous la bannière du parti conservateur Grande alliance pour l'unité (Gana) (archives). KEYSTONE/AP/MOISES CASTILLO sda-ats

(Keystone-ATS) Les Salvadoriens élisaient dimanche leur sixième président depuis la fin, en 1992, de la guerre civile qui a ensanglanté leur pays pendant 12 ans. Le scrutin était accompagné d’une obligation de sobriété, la loi interdisant la consommation d’alcool.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 heure locale (13h00 heure suisse) et devaient fermer à 17h00 (minuit heure suisse) pour un scrutin qui voyait s’affronter trois candidats, dont deux jeunes loups de la politique, briguant un mandat présidentiel de cinq ans, non renouvelable.

Un peu plus de 5,2 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes et les résultats devaient être connus dimanche soir, a déclaré le président du Tribunal suprême électoral Julio Olivo.

Ambiance de fête

L’élection présidentielle se déroulait dimanche dans le calme et dans l’ambiance de fête habituelle dans de telles circonstances au Salvador.

Dans deux quartiers populaires -Mejicanos et Ayutuxtepeque- où les graffitis sur les murs témoignent de la présence des gangs criminels, de jeunes électeurs exprimaient leur désir de pouvoir enfin vivre en sécurité.

Ex-maire de San Salvador favori

Selon les derniers sondages autorisés, deux semaines avant le scrutin, l’ancien maire de San Salvador Nayib Bukele, 37 ans, faisait la course en tête sous la bannière du parti conservateur Grande alliance pour l’unité (Gana). Il était talonné par le richissime homme d’affaires Carlos Calleja, 42 ans, le poulain du parti de droite Alliance républicaine nationaliste (Arena), majoritaire au Parlement.

Le président sortant Salvador Sanchez Ceren risquait de voir perdre son dauphin. Candidat du parti de gauche Front Farabundo Martí pour la libération nationale (FMLN), l’ancien ministre des Affaires étrangères Hugo Martinez était relégué à une humiliante troisième place, après une décennie passée au pouvoir par l’ancienne guérilla.

Selon les derniers sondages, au moins la moitié des électeurs devraient se prononcer en faveur de Nayib Bukele pour briser enfin la double malédiction de la violence des bandes criminelles et de la misère.

Un second tour opposant les deux candidats arrivés en tête sera organisé le 10 mars si aucun n’obtient dimanche la majorité absolue.

Proximité avec les jeunes

Si l’enfant terrible de la politique salvadorienne Nayib Bukele l’emporte, il devra pour gouverner nouer une alliance avec la majorité parlementaire de l’Arena, au moins jusqu’aux législatives de 2021.

Elu maire de San Salvador (2015-2018) sous la bannière du FMLN avant d’en être exclu, il cultive sa proximité avec la frange la plus jeune de l’électorat et promet le changement en rompant l’alternance au pouvoir de l’Arena et de l’ancienne guérilla.

Le premier défi à relever pour le prochain président sera celui de la violence des bandes criminelles, responsables de la quasi-totalité des 3340 meurtres qui ont ensanglanté l’année dernière le Salvador. Avec un taux de 51 homicides pour 100’000 habitants, c’est l’un des pays les plus violents du monde en dehors des zones de guerre.

Quelque 54’000 membres des deux “maras” (gangs) toujours en activité (17’000 sont derrière les barreaux) font régner la terreur au Salvador en se livrant au racket, au trafic de drogue et aux assassinats.

Poussés à l’exode

Cette violence endémique et la misère poussent chaque année des milliers de Salvadoriens à fuir leur pays. Ils ont été ainsi plus de 3000 à prendre la route en “caravane” vers le rêve américain en octobre et novembre 2018, au grand dam de Donald Trump.

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