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Les volontaires occidentaux se bousculent pour combattre l’EI

De plus en plus d'Occidentaux souhaitent rejoindre les peshmergas kurdes en Irak afin de les soutenir dans leur combat contre l'Etat islamique. KEYSTONE/EPA/ANDREA DICENZO sda-ats

(Keystone-ATS) Certains portaient il y a peu l’uniforme d’une armée régulière quelque part en Occident. Maintenant, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir venir en Irak pour se battre contre le groupe Etat islamique (EI).

Les données précises sont rares, mais les témoignages recueillis auprès de leurs camarades déjà au front semblent montrer que ces volontaires sont pressés d’en découdre. Ces derniers sont convaincus que l’EI pourrait bientôt être défait en Irak et en Syrie.

De fait, l’EI a perdu du terrain et quelque 45’000 combattants depuis deux ans, selon les Etats-Unis. Le pays estime que ces djihadistes extrémistes comptent entre 15 et 30’000 hommes et que l’EI a de plus en plus de mal à étoffer ses rangs et à remplacer ses morts.

En face, les volontaires sont pressés d’intégrer les forces anti-EI. Et ce même si les autorités de leur pays respectif les en découragent fortement voire même leur interdisent de s’enrôler.

Hausse des demandes

Louis Park, 26 ans et originaire du Texas vient de s’engager pour la deuxième fois en juin dans une milice chrétienne d’Irak. Il a noté une forte hausse des demandes de la part de possibles volontaires occidentaux. “Les gens savent que la fin est proche et ils essayent de se joindre au combat tant qu’il est encore temps”, affirme l’ancien Marine, qui s’est battu en Afghanistan.

Chrétien, il s’est enrôlé dans les rangs de la Dwehk Nawsha, une milice de chrétiens assyriens qui collabore avec les peshmergas kurdes, soutenus par les Américains. La milice a en charge la protection de villages à une trentaine de kilomètres au nord de Mossoul.

“Je reçois des demandes de renseignement du monde entier – 60 ou 70 depuis que je suis revenu”, explique-t-il à l’AFP dans un entretien par téléphone, qu’il mène non loin de la ligne de front. Un autre engagé volontaire, qui s’est affublé du nom de guerre “Mike”, affirme qu’il reçoit une douzaine de messages par jour de gens qui veulent rejoindre les rangs des combattants anti-EI. Il y a encore un an, il aurait fallu une semaine pour en recevoir autant, affirme-t-il.

Pas autorisés

La plupart des demandes de renseignement viennent d’Américains, explique cet ancien soldat norvégien d’origine kurde par courriel, mais il en a eu aussi de la part d’Européens, d’Australiens et même d’un Iranien.

Une récente étude publiée par un centre de réflexion basé à Londres, l’Institute for Strategic Dialogue va dans le sens de ce constat. Elle établit que parmi les 300 combattants étrangers anti-EI que l’institutions a suivis sur les réseaux sociaux, plus d’un tiers sont américains.

“Mon conseil à ces volontaires, c’est de ne pas venir ici”, explique “Mike”. “Il est fort probable que vous ne serez pas autorisés à combattre et vous allez rentrer déçu et fauché”, met en garde le volontaire, âgé de 31 ans.

Pression

L’augmentation du nombre de volontaires étrangers qui se rendent dans le Kurdistan irakien pose problème aux autorités qui se penchent de plus près sur ces hommes et leur équipement. Selon “Mike”, le gouvernement kurde fait l’objet d’une énorme pression pour empêcher les volontaires occidentaux de rejoindre le front.

“Ils les mettent donc souvent sur des lignes de front où il ne se passe rien ou dans des camps, où ils sont en sécurité et peuvent poster des images d’eux-même bardés de leur équipement et armes au poing sur leur page Facebook”, explique “Mike”.

Les réseaux sociaux – surtout Facebook et Instagram – pullulent d’images de combattants volontaires. Ces derniers montrent parfois des cadavres de djihadistes ou témoignent de la monotonie de la vie sur le front. Louis Park et “Mike” ont des dizaines de milliers d’abonnés à leur compte Instagram, “louis_tex” et “peshmerganor”.

Faire quelque chose

“J’imagine que les gens se disent que l’EI est au bout du rouleau et ils veulent pouvoir dire à ceux qui sont restés au pays qu’ils l’ont combattu sur le champ de bataille”, raconte “Mike”. L’ex-Marine Louis Park est parti en Irak parce que l’excitation du combat lui manquait et parce qu’il voulait servir la cause.

Leurs motivations pour rejoindre le front sont diverses, note l’Institute for Strategic Dialogue. Elles sont néanmoins souvent liées au besoin de faire quelque chose et aussi à la frustration de ce qui leur paraît être une riposte insuffisante de la communauté internationale aux crimes commis par l’EI.

“Le principal reproche a trait aux atrocités commises contre les civils, bon nombre d’entre eux (les volontaires NDLR) accusant les dirigeants mondiaux de faire la sourde oreille face à la souffrance de ceux qui sont victimes du conflit”, souligne le rapport du centre de réflexion.

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