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Libération d’une Palestinienne détenue pour avoir giflé des soldats

Les Palestiniens louent Ahed Tamimi, ici avec son père, comme un exemple de courage face aux abus israéliens dans les Territoires palestiniens occupés. KEYSTONE/AP/NASSER NASSER sda-ats

(Keystone-ATS) Ahed Tamimi, une adolescente devenue icône de la résistance palestinienne contre l’occupation israélienne après avoir giflé deux soldats israéliens, est sortie de prison dimanche. Elle a passé huit mois en détention.

La jeune fille de 17 ans et sa mère, Narimane, également incarcérée à la suite de l’incident, ont été transférées depuis la prison Sharon en Israël jusqu’à la Cisjordanie occupée où elles résident, a indiqué Assaf Librati, le porte-parole de la prison.

Elles ont ensuite été conduites jusqu’à leur village de Nabi Saleh. En larmes, l’adolescente a embrassé les membres de sa famille et les soutiens venus l’accueillir.

“Nous voulons vivre libres !”

Puis, le père, Bassem, encadré de sa fille et de son épouse, les a accompagnées jusqu’à la maison familiale, sous les cris de la foule scandant : “Nous voulons vivre libres !”

Face à un mur de caméras, les épaules recouvertes d’un keffieh, châle blanc et noir symbole de la résistance palestinienne, Ahed Tamimi a adressé des remerciements à la foule venue l’accueillir. “La résistance continue jusqu’à ce que l’occupation prenne fin”, a-t-elle clamé, sa voix recouverte par les cris de ses soutiens.

L’adolescente a ensuite notamment déposé des fleurs sur la tombe du dirigeant palestinien Yasser Arafat, à Ramallah et s’est rendue au siège de l’Autorité palestinienne. Elle donnera une conférence de presse dans l’après-midi.

Israël tente de limiter la médiatisation

Les autorités israéliennes ont tenu à limiter la médiatisation autour de sa libération, notamment en diffusant des informations contradictoires sur l’endroit par lequel elle et sa mère étaient censées rentrer en Cisjordanie occupée.

Samedi, deux Italiens et un Palestinien ont été arrêtés après avoir peint le visage désormais célèbre de l’adolescente aux longues boucles blondes sur le mur de séparation construit par Israël en Cisjordanie occupée.

“Une enfant en prison”

Ahed Tamimi avait été arrêtée le 19 décembre 2017, quelques jours après avoir été filmée dans une vidéo devenue virale sur internet.

Les images la montraient en train de s’approcher avec sa cousine Nour Tamimi de deux soldats israéliens appuyés sur un muret, dans la cour de sa maison à Nabi Saleh, un village de Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans en violation du droit international.

Les deux jeunes filles leur demandent de quitter les lieux, puis leur donnent des coups de pied et de poing et des gifles.

Les Palestiniens louent Ahed Tamimi comme un exemple de courage face aux abus israéliens dans les Territoires palestiniens occupés.

Deux poids deux mesures

Pour les défenseurs des droits humains, l’affaire Tamimi est aussi un symbole qui a permis de mettre en lumière les pratiques des tribunaux militaires israéliens et leur taux de condamnation très élevé -99%- de Palestiniens. La Cisjordanie étant un territoire occupé militairement par Israël, les Palestiniens qui y résident sont jugés devant des tribunaux militaires.

“Israël emprisonnant une enfant pendant huit mois (…) reflète la discrimination endémique, l’absence de procédure officielle et le mauvais traitement des enfants”, a ainsi tweeté dimanche Omar Shakir, directeur d’Human Rights Watch en Israël.

L’adolescente s’est vu infliger une peine presque aussi lourde – huit mois de prison – que le soldat israélien Elor Azaria, condamné à neuf mois pour avoir abattu un assaillant palestinien blessé qui ne constituait plus une menace.

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