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Londres a remis à Bruxelles la lettre déclenchant la sortie de l’UE

L'ambassadeur britannique auprès de l'UE Tim Barrow a remis la lettre de notification du Brexit au président du Conseil européen Donald Tusk. KEYSTONE/EPA AFP POOL/EMMANUEL DUNAND / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Le Brexit est formellement déclenché. L’ambassadeur britannique auprès de l’Union européenne (UE) Tim Barrow a remis mercredi la lettre de notification de la sortie de l’UE au président du Conseil européen Donald Tusk.

M. Barrow a remis à M. Tusk la missive, signée mardi soir par la première ministre Theresa May, en la lui portant en main propre en tout début d’après-midi dans son bureau du Conseil de l’UE à Bruxelles. “Après neuf mois, le Royaume-Uni a tenu son engagement”, a aussitôt réagi M. Tusk sur Twitter, publiant même une photographie de la remise de la lettre dans un second message.

“Vous nous manquez déjà”, a surtout glissé ensuite le président du Conseil européen à l’adresse de la Grande-Bretagne. “Il n’y a aucune raison de faire comme si c’était une journée heureuse, ni à Bruxelles ni à Londres”, a-t-il reconnu lors d’une brève allocution, en brandissant devant la presse la déormais fameuse lettre.

“Après tout, la plupart des Européens, y compris près de la moitié des électeurs britanniques, voulaient que nous restions ensemble et pas que nous nous éloignions les uns des autres”, a dit M. Tusk.

Le regret des 27 restants

Mais “paradoxalement, il y a aussi quelque chose de positif dans le Brexit”, a-t-il affirmé, estimant que cela “nous avait rendus, nous la communauté des 27 (autres Etats membres, ndlr), plus déterminés et unis qu’auparavant”. “Aujourd’hui je peux dire que nous resterons déterminés et unis, également à l’avenir, et dans les négociations difficiles qui nous attendent”, a-t-il martelé.

Dans une courte déclaration écrite, les 27 autres pays de l’UE ont rapidement accusé réception de la lettre par laquelle Mme May déclenche cette procédure inédite, en activant l’article 50 du Traité de Lisbonne qui définit les modalités de sortie d’un pays membre de l’Union. “Nous regrettons que le Royaume-Uni quitte l’UE, mais nous sommes prêts pour la procédure que nous devons désormais suivre”, écrivent-ils.

May appelle au rassemblement

Intervenant devant le parlement britannique, la première ministre Theresa May a pour sa part appelé les députés et le peuple à se “rassembler” pour obtenir “le meilleur accord possible” avec Bruxelles après le déclenchement du Brexit. Evoquant “un moment historique”, elle a bien souligné qu’il n’y avait “pas de retour en arrière possible”.

“Nous chercherons à garantir les droits des citoyens européens qui vivent déjà au Royaume-Uni… aussi rapidement que nous le pourrons.”, a-t-elle dit, alors que cette question a été identifiée comme un des points de blocage avant même le lancement des négociations. “Ce sera une priorité immédiate”, a-t-elle insisté.

Mme May a admis qu’il y aurait “des conséquences”, notamment économiques pour son pays. Mais “des jours meilleurs” se profilent, a-t-elle ajouté, appelant le pays à rester uni face aux soubresauts qui l’attendent. “J’ai fait le choix de croire au Royaume-Uni et à l’idée que nos meilleurs jours sont devant nous”, a-t-elle dit, insistant sur “l’opportunité unique” que représente pour le pays sa sortie de l’UE.

Prochain rendez-vous: le 29 avril

Elle a également promis que le Royaume-Uni comptait rester “le meilleur ami” de l’Union européenne à 27 tout en s’ouvrant “au-delà des frontières de l’Europe”.

La prochaine étape pour les 27 est d’adopter des “orientations” de négociation lors d’un sommet le 29 avril prochain à Bruxelles. M. Tusk va proposer dès vendredi une ébauche de ce texte qui doit fixer le cap et édicter les lignes rouges à ne pas franchir dans les pourparlers avec Londres.

“Dans ces négociations, l’Union agira de manière unie et préservera ses intérêts”, assurent les 27. Un accord sur la future relation avec Londres ne pourra être conclu que quand le Royaume-Uni “se sera retiré” de l’UE, prévient toutefois le Parlement européen dans un texte dévoilé mercredi sur ses “lignes rouges” dans les négociations du Brexit.

“D’éventuelles dispositions transitoires” pourront être négociées pour la période suivant le divorce, mais à condition qu’il y ait des “progrès notables” dans les tractations prioritaires sur l’accord de retrait et que cette transition n’excède pas trois ans, ajoute ce projet de résolution.

Reste aussi un important point de tension, à savoir la facture que Bruxelles compte présenter à Londres au titre de ses engagements antérieurs. Elle est évaluée par les Européens entre 55 et 60 milliards d’euros. Londres conteste des chiffres aussi élevés.

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