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Londres propose une “zone de libre échange” avec l’UE pour l’après-Brexit

La Première ministre britannique Theresa May a présenté un nouveau plan sur les futures relations commerciales avec l'UE à ses ministres. KEYSTONE/EPA 10 DOWNING STREET (MOD)/JOEL ROUSE / 10 DOWNING STREET sda-ats

(Keystone-ATS) La Première ministre britannique Theresa May s’est accordée vendredi avec son gouvernement autour d’une ligne commune sur le Brexit. Elle propose notamment la création d’une “zone de libre échange” entre le Royaume-Uni et l’UE.

Cette proposition était attendue de longue date par les Européens, lassés des atermoiements du gouvernement britannique sur le contenu des négociations sur ce divorce. Le plan britannique confirme donc la fin de la libre circulation des personnes, selon un communiqué publié à l’issue d’une réunion marathon de l’exécutif à Chequers, résidence de campagne des Premiers ministres britanniques, située à 70 km au nord-ouest de Londres.

“Notre proposition créerait une zone de libre échange entre le Royaume-Uni et l’UE avec un ensemble de règles communes pour les biens industriels et les produits agricoles”, déclare Theresa May dans ce document. Downing Street précise que le secteur des services ferait en revanche l’objet “d’arrangements différents”.

“Nous avons également convenu d’un nouveau modèle douanier favorable aux entreprises avec la liberté de conclure de nouveaux accords commerciaux dans le monde entier”, a ajouté la Première ministre conservatrice.

Selon l’exécutif britannique, ces propositions permettront d’éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et l’Irlande du Nord. Cette question constitue le principal point d’achoppement des négociations en cours et une inquiétude majeure pour les habitants de l’île.

Livre blanc à venir

Dans ce projet, Londres souligne aussi la nécessité d'”intensifier” le travail de préparation pour faire face à tous les scénarios possibles – en particulier celui d’une éventuelle sortie de l’UE sans accord avec Bruxelles, que redoute les entreprises.

Theresa May, qui publiera la semaine prochaine un livre blanc détaillant plus avant ses objectifs, précise que cette proposition résulte d’une “position commune” des membres de son gouvernement, dont les divisions sur les orientations à donner au Brexit avaient fait craindre le pire pour la réunion de vendredi à Chequers.

“Cette une proposition qui, je crois, sera bonne pour le Royaume-Uni et bonne pour l’Union européenne et j’espère qu’elle sera accueillie positivement”, a-t-elle dit devant des journalistes. “C’est une nouvelle étape importante dans nos négociations avec l’UE (…) Mais évidemment nous avons encore beaucoup à faire avec l’UE pour nous assurer que nous allons arriver au bout en octobre”, a-t-elle tempéré.

A peine publié, le projet de Theresa May suscitait toutefois déjà des réactions critiques du côté des eurosceptiques. “Nous voyons maintenant le vrai visage de Theresa May. Il s’agit d’un mauvais (plan) pour le Royaume-Uni”, a déclaré dans un communiqué John Longworth, co-président du mouvement pro-Brexit Leave Means Leave.

Côté européen

Alors qu’il reste neuf mois au Royaume-Uni avant de quitter l’UE et trois mois pour trouver un accord avec le bloc, Theresa May subit une pression intense de la part des Européens et des entreprises pour qu’elle dévoile sa vision sur les négociations.

Vendredi, Michel Barnier, le négociateur en chef de l’UE, a affirmé “être prêt à adapter son offre” et dit espérer que le livre blanc permettra de résoudre “le débat politique interne au Royaume-Uni et les négociations avec nous”.

Face au risque de blocage, le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a évoqué jeudi la possibilité de prolonger les négociations. Vendredi, il a toutefois souligné que cela nécessiterait un accord à l’unanimité des 27 membres de l’UE.

“Etape par étape”

A ses côtés, le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a dit: “nous voulons nous en tenir au calendrier établi. Nous allons opérer étape par étape”.

La proposition britannique devrait également être scrutée de près par les entreprises, qui n’ont pas non plus caché leur malaise cette semaine. La patience “est à bout”, a affirmé Adam Marshall, le directeur général des British Chambers of Commerce.

Tom Enders, le président exécutif de l’avionneur européen Airbus, s’est lui montré pessimiste sur l’issue des négociations. “Qu’il soit dur, mou, léger ou propre, (le Brexit) causera des dégâts à l’industrie aéronautique et à d’autres, et causera des dégâts au Royaume-Uni”, a-t-il affirmé.

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