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Lufthansa: grève du personnel de cabine, centaines de vols annulés

(Keystone-ATS) Une grève du personnel de cabine de Lufthansa a entraîné vendredi l’annulation de centaines de vols. Plusieurs dizaines de milliers de passagers ont été affectés dans les aéroports de Francfort et Düsseldorf (ouest).

Les arrêts du travail, sur fond de conflit sur les efforts du groupe pour contrer la concurrence des compagnies à bas coûts, ont pris effet en début d’après-midi et devaient durer jusqu’à 23h00. En ce premier jour d’une grève prévue pour durer jusqu’au 13 novembre – mais avec des pauses -, 290 vols en Europe sont annulés et 15 vols intercontinentaux, a annoncé Lufthansa.

La compagnie a dressé des lits de camp dans un des halls de l’aéroport de Francfort, principal hub du géant du transport aérien, et réservé 2500 chambres d’hôtel pour héberger des passagers affectés.

Pas de scènes de chaos à Francfort, Lufthansa ayant informé par SMS ou par courrier électronique le gros des passagers à l’avance. Quelques centaines attendaient dans une file bien ordonnée pour trouver des vols de remplacement, a constaté sur place un journaliste de l’AFP.

Les deux mêmes aéroports, respectivement numéro un et numéro trois en Allemagne, seront touchés samedi aussi, a prévenu le syndicat UFO, avec une grève de 17 heures, de 06h00 à 23h00. Lufthansa a promis que tous ses vols longue distance seraient maintenus, à l’exception d’une liaison Düsseldorf-New York.

Plus longue grève de l’histoire

Si elle dure effectivement une semaine, la grève sera la plus longue de l’histoire de Lufthansa. Mais elle sera suspendue dimanche “parce que ce jour-là, la plupart des voyages ont un caractère privé”, a indiqué UFO.

Seule la compagnie Lufthansa est concernée par le mouvement social, pas les autres filiales du groupe du même nom, à savoir Air Dolomiti, Austrian, Brussels Airlines, Eurowings, Germanwings et Swiss.

Les négociations entre le transporteur aérien et les délégués du personnel navigant, entamées en décembre 2013, portent sur des questions de salaire mais aussi sur la protection contre les licenciements ou encore les retraites et les départs en préretraites, définis par conventions collectives.

Le numéro un européen du transport aérien cherche entre autres à abandonner l’actuel régime de retraites à prestations garanties, qui lui coûte trop cher en ces temps de taux d’intérêt très bas, afin d’adopter, à l’instar de la majorité des grands groupes allemands, un régime où seules les cotisations sont définies.

Contrer les compagnies à bas coûts

De manière générale, son patron Carsten Spohr a engagé le groupe Lufthansa, numéro un européen, dans un effort de restructuration et de réduction des coûts qui doit lui permettre de tenir tête aux compagnies à bas coûts et à celles du Golfe.

Mais ces changements, qui impliquent notamment un transfert de la plupart des liaisons intérieures et européennes de Lufthansa sous la bannière de la filiale à bas coûts Eurowings, passent mal auprès des employés.

Alors que les personnels navigants n’avaient plus cessé le travail depuis fin 2012, les 5400 pilotes, représentés par le syndicat Cockpit, ont fait grève treize fois entre avril 2014 et septembre 2015, provoquant des milliers d’annulations de vols. Ce conflit, qui porte essentiellement sur les conditions de départ en retraite, n’est toujours pas réglé. Le syndicat Cockpit a exprimé vendredi sa “solidarité” avec le mouvement du personnel navigant.

Incompréhension totale

UFO, fort de 13’000 membres et qui représente les quelque 19’000 membres du personnel de cabine de Lufthansa, a accepté le principe du changement de régime de retraites, mais déplore n’avoir pas obtenu gain de cause pour ses autres revendications.

L’incompréhension est totale entre le premier transporteur aérien européen et ce syndicat, qui rejettent la faute l’un sur l’autre et multiplient les annonces contradictoires.

“Lufthansa a accepté hier toutes les demandes d’UFO”, a réaffirmé vendredi le service de communication du groupe. Une telle déclaration “est complètement fausse”, a réagi le syndicat, qui dénonce à son tour les menaces “flagrantes” de “nouvelles délocalisations” proférées par la direction.

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