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Macron élu président avec près de deux tiers des voix face à Le Pen

En fin de soirée, M. Macron a retrouvé ses partisans, qui s'étaient massés par milliers devant la pyramide du Louvre, après une traversée solennelle de la cour de l'ancien palais royal, sous les notes de l'Ode à la joie de Beethoven, l'hymne de l'Union européenne. KEYSTONE/EPA AP POOL/CHRISTOPHE ENA / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Emmanuel Macron a été élu dimanche président de la République française en battant largement Marine Le Pen lors d’un second tour marqué par une forte abstention. De nombreux défis l’attendent, à commencer par l’obtention d’une majorité à l’Assemblée nationale.

Le candidat centriste, 39 ans, va devenir le huitième président de la Ve République, le plus jeune de l’Histoire, en obtenant près de 65,7% des voix face à Marine Le Pen (34,3%), selon les estimations actualisées dimanche soir. Les deux dirigeants ont eu un échange téléphonique “bref” et “cordial”, selon l’entourage du vainqueur.

Pas de blanc-seing

En fin de soirée, M. Macron a retrouvé ses partisans, qui s’étaient massés par milliers devant la pyramide du Louvre. Il a reconnu que sa victoire n’était pas “un blanc-seing”, disant qu’il ferait “tout pour” qu’il n’y ait plus “aucune raison de voter pour les extrêmes”.

“Notre tâche est immense et elle imposera de construire dès demain une majorité vraie, une majorité forte, cette majorité de changement, c’est ce à quoi le pays aspire et c’est ce qu’il mérite”, a-t-il martelé, avant d’être rejoint par son épouse Brigitte.

Un peu plus tôt, pour sa première apparition, le président élu avait estimé que sa “responsabilité” serait “d’apaiser les peurs, de nous faire renouer avec l’optimisme”, promettant d’agir avec “humilité, dévouement et détermination”. Il a dit entendre “tous les citoyens”, y compris les électeurs du FN, qui ont exprimé “colère et doutes”. Il a promis de “retisser les liens entre l’Europe et les citoyens”.

Transformation du FN?

Malgré la nette défaite, Marine Le Pen s’est réjouie de son “résultat historique et massif” pour un parti “devenu la première force d’opposition”. Elle a annoncé “une transformation profonde de notre mouvement afin de composer une nouvelle force politique”.

Selon les sondeurs, elle devrait totaliser plus de dix millions de voix, dépassant largement son record du premier tour (plus de 7,6 millions de voix). Son père Jean-Marie Le Pen, lui, avait peu progressé face à Jacques Chirac entre les deux tours en 2002.

Le second tour a été marqué par la plus forte abstention depuis 1969 (plus de 25% selon les sondeurs). Les bulletins blancs et nuls approchent les 9% des inscrits (plus de 4,2 millions), un record. Entre l’abstention, les votes blancs et nuls, plus d’un Français sur trois a refusé de choisir dimanche entre les deux candidats.

M. Macron accède à l’Elysée sans jamais avoir été parlementaire. Secrétaire général adjoint et conseiller économique du président François Hollande depuis 2012, il était inconnu du grand public avant sa nomination comme ministre de l’Economie en août 2014 où il est resté moins de deux ans.

Passation le week-end prochain

La passation de pouvoir avec M. Hollande aura lieu d’ici au dimanche prochain. Emmanuel Macron annoncera dans la foulée la composition de son gouvernement, une équipe qu’il souhaite resserrée (une quinzaine de ministres) et alliant “visages nouveaux et personnalités d’expérience”.

M. Macron accompagnera auparavant M. Hollande dès lundi pour les commémorations du 8 mai 1945, ainsi qu’à la Journée nationale des mémoires de l’esclavage mercredi.

Une immense tâche attend Emmanuel Macron. L’une des premières mesures annoncées est le dépôt d’une loi sur la “moralisation politique”. M. Macron souhaite par ailleurs “dès l’été” réformer le droit du travail par ordonnances.

Selon un sondage publié dimanche, En Marche! est donné en tête des intentions de vote pour les législatives de juin. Mais le FN et la droite se disputent déjà le leadership de l’opposition. Avec en embuscade l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon qui a affirmé que les Français n’étaient pas “condamnés” au programme du “nouveau monarque président”.

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