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Macron délivre son discours à la nation depuis Versailles

François Hollande s'était exprimé à Versailles en novembre 2015, quelques jours après les attentats (archives) KEYSTONE/AP POOL AFP/ERIC FEFERBERG sda-ats

(Keystone-ATS) En continuant à s’affranchir des traditions, Emmanuel Macron présente lundi dès 15h00 sa feuille de route pour le quinquennat devant le parlement (Assemblée nationale et Sénat) réuni à Versailles. Jean-Luc Mélenchon évoque une dérive “monarchique”.

“Ce serait abusif de dire que le président entend faire de ce discours le top départ de son quinquennat mais ce sera un moment clé au cours duquel il va déployer la vision qu’il a” et les grandes orientations qu’il entend suivre, explique-t-on à l’Elysée.

Cet exercice, que le chef de l’Etat entend reproduire chaque année pour “rendre des comptes” à la représentation nationale, était un engagement de campagne. Une sorte de “discours sur l’état de l’Union” similaire à celui prononcé chaque année par le président américain, selon le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner.

S’il n’est pas le premier à réunir le Congrès – Nicolas Sarkozy l’a fait en 2009 dans un contexte de crise économique et François Hollande après les attentats de 2015 – M. Macron sera le premier à s’exprimer devant les parlementaires moins de deux mois après son investiture.

Président “dans le temps long”

Avec ce “temps démocratique”, le chef de l’Etat “entend donner de la perspective à l’action qui sera menée sur les cinq ans, voire au-delà, inscrire son action en tant que président dans le temps long”, souligne encore son entourage, où l’on n’exclut pas quelques annonces.

M. Macron devrait en tout cas s’exprimer sur la réforme du marché du travail, qu’il souhaite assouplir par voie d’ordonnances, c’est à dire sans débat parlementaire. Cette réforme, qui vise à accorder plus de flexibilité à l’entreprise dans l’espoir d’encourager l’emploi, va plus loin que la très décriée “loi travail” promulguée l’an dernier sous la présidence de François Hollande

“Télescopage”

Ce discours, rédigé par sa “plume” Sylvain Fort, sera complémentaire de celui que le premier ministre Edouard Philippe doit délivrer mardi devant l’Assemblée nationale, assure-t-on, balayant les critiques émises par une partie de la classe politique sur un “télescopage” entre les intérêts de la présidence et ceux de Matignon.

“Le discours du premier ministre est travaillé et pensé en accord total avec le président de la République, il n’y a pas une feuille de papier à cigarette entre la présidence et Matignon”, assure-t-on.

“Edouard Philippe sera davantage dans un discours qui va expliquer les moyens qu’on se donne pour atteindre les objectifs”, quelques jours après la publication de l’audit de la Cour des comptes jugeant nécessaire “une action vigoureuse et rapide” afin de respecter les engagements pris en matière de déficit.

Fronde tous azimuts

Plus que l’exercice en lui-même, c’est la décision d’Emmanuel Macron de s’exprimer avant son premier ministre qui a été critiquée par une partie de la classe politique. Elle dénonce une “humiliation” pour Edouard Philippe.

Dès jeudi, Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) a annoncé que les députés de son mouvement ne se rendraient pas à Versailles ce lundi en signe de protestation contre ce qu’ils considèrent être “une dérive pharaonique de la monarchie présidentielle”.

Un boycott également décidé par le député UDI Jean-Christophe Lagarde et son collègue Philippe Vigier et par les députés et sénateurs du groupe communiste.

A droite aussi, on rechigne à applaudir l’exercice. Le président des députés du parti Les Républicains (LR), Christian Jacob, a mis en garde dimanche Emmanuel Macron contre un “pouvoir sans partage”, soulignant que son intervention de lundi allait “forcément écraser l’intervention du premier ministre”, issu des rangs LR.

Même critique chez les socialistes après leur déroute des législatives. “Le président discourt mais personne n’a le droit de l’interroger ou de débattre avec lui. Les députés sont transformés en spectateurs”, déplore le chef de file des députés PS Olivier Faure.

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