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Madrid décidé à empêcher un retour secret de Puigdemont même en ULM

L'ex-président catalan Carles Puigdemont (à droite) a rencontré des députés danois à l'invitation du député féringien Magni Arge (à gauche). KEYSTONE/EPA SCANPIX DENMARK/MADS CLAUS RASMUSSEN sda-ats

(Keystone-ATS) Le ministre espagnol de l’Intérieur Juan Ignacio Zoido a assuré mardi que les forces de l’ordre sont sur le qui-vive pour empêcher que Carles Puigdemont rentre incognito en Espagne. L’indépendantiste catalan pense pourtant que son retour serait bon pour la démocratie.

Exilé en Belgique depuis octobre, M. Puigdemont brigue à nouveau la présidence de la région mais risque d’être arrêté pour “rébellion”, “sédition” et “malversation de fonds” s’il rentre en Espagne. Interrogé sur la possibilité qu’il passe la frontière incognito, M. Zoido a répondu: “Nous travaillons pour que ça ne puisse pas se produire, aux frontières et à l’intérieur des frontières, partout”.

“Nous allons faire en sorte qu’il ne puisse pas entrer (au parlement catalan), pas même dans le coffre d’une voiture”, a dit M. Zoido, s’avouant “très préoccupé parce qu’on ne sait pas à quoi s’attendre avec une personne ayant une telle conduite”.

Retour en ULM ?

Le ministre a souligné que “la frontière à couvrir est très étendue”, traversée de grandes voies et de chemins ruraux et qu'”on peut entrer en hélicoptère, en ULM, en bateau”, etc.

Le ministre a accusé M. Puigdemont d’avoir “monté un cirque” depuis l’étranger et a assuré que “le poids de la justice allait retomber sur lui aussi”, en référence aux trois députés indépendantistes déjà emprisonnés.

“Il est en situation de rébellion, il fuit la justice espagnole et cela ne peut pas être lui qui détermine la suite des événements”, a dit le ministre, alors que tout le pays attend de savoir si M. Puigdemont entend réellement être investi et comment.

“Une bonne chose pour la démocratie”

Le dirigeant indépendantiste catalan a de son côté estimé que son retour “à Barcelone serait non seulement une bonne nouvelle pour les Catalans qui soutiennent notre cause mais aussi pour le peuple espagnol et pour la démocratie espagnole.”

“Je suis un président élu (…) et il y a une énorme majorité au parlement pour me désigner (à nouveau) président, cela fait donc partie de la solution”, a-t-il dit lors d’une visite à Copenhague.

Dans la capitale danoise Carles Puigdemont a également rencontré mardi des députés danois pour des entretiens autour de la crise en Catalogne et le statut du Groenland et des îles Féroé, territoires autonomes du Danemark.

Lundi, lors d’un colloque à l’université de Copenhague, Carles Puigdemont avait vanté la politique danoise vis-à-vis de ses anciennes colonies, qui se sont vues octroyer une large autonomie depuis les années 1950 et se dirigent à terme vers l’autodétermination.

Pas d’investiture “télématique”

A l’issue des élections anticipées du 21 décembre, les partis séparatistes et indépendantistes ont conservé une faible majorité absolue en sièges au parlement catalan (70 élus sur 135).

La désignation du candidat choisi pour diriger l’exécutif régional a été prise lundi. Le nouveau président du Parlement catalan Roger Torrent a présenté la candidature de M. Puigdemont. Un débat doit s’ensuivre et un vote est prévu le 31 janvier au plus tard.

Les partisans de Carles Puigdemont ont suggéré qu’il dirige la région de Bruxelles par liaison vidéo, une idée qualifiée de ridicule par le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.

Les juristes du parlement catalan ont déjà “dit qu’une investiture par voie télématique n’est pas possible”, a répété mardi M. Zoido. “Qu’il se rende et sinon qu’un autre soit candidat à la présidence” du gouvernement catalan, a-t-il souhaité.

“Il nous faut oeuvrer pour un gouvernement de Catalogne qui retrouve une normalité institutionnelle et économique”, a pour sa part déclaré mardi la vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Saenz de Santamaria. Selon elle, M. Puigdemont “se couvre de ridicule” à l’étranger.

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