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Maladies non transmissibles: les chefs d’Etat appelés à des actes

Des campagnes doivent être menées pour améliorer l'alimentation dans un certain nombre d epays (archives). KEYSTONE/EPA/M.A.PUSHPA KUMARA sda-ats

(Keystone-ATS) Chefs d’Etat et de gouvernement doivent porter la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT). Un rapport demandé par l’OMS, publié vendredi à Genève par une Commission indépendante, veut une contribution sur le tabac et l’alcool, pas sur les boissons sucrées.

Chaque année, plus 70% des décès dans le monde sont liés à des MNT dues notamment au tabac, à l’alcool, à une mauvaise alimentation ou encore au manque d’activité physique. Cela représente plus de 40 millions de personnes, dont 15 millions chez les 30-70 ans. Pour la première fois, ces maladies sont plus mortelles que les infections, selon l’Alliance contre les MNT qui a salué le rapport.

Les dirigeants doivent honorer leur “promesse” de réduire le nombre de décès prématurés liés à ces pathologies d’un tiers d’ici 2030 et d’améliorer la lutte pour la santé mentale, affirment les présidents de Finlande, d’Uruguay et du Sri Lanka. “Parce que de nombreux engagements politiques ne sont pas appliqués, des pays ne devraient pas atteindre cet objectif”, ajoutent ces membres de la Commission indépendante de haut niveau sur les MNT lancée en février par l’OMS.

“Au rythme actuel”, une réduction mondiale de 30% d’ici 2030 ne sera pas atteinte, a dit devant les Etats membres le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Les présidents oeuvrent comme coprésidents avec la ministre russe de la santé Veronika Skvortsova et l’ancienne ministre pakistanaise Sania Nishtar, qui avait été candidate à la tête de l’OMS. Tous ont été désignés par M. Tedros et sont accompagnés d’une vingtaine de personnes.

Société civile et secteur privé

Ils dénoncent des actions “inégales” selon les Etats. “Il n’y a pas d’excuse pour l’inaction”, affirment-ils. “Nous connaissons le problème et nous avons les solutions”, mais il faut davantage d’investissement, affirme Mme Nishtar. La Russie a annoncé un soutien de 50 millions de dollars.

Des campagnes publiques doivent être menées et les gouvernements doivent étendre le financement de la santé, notamment par l’augmentation de la fiscalité sur le tabac, l’alcool et d’autres produits. Une contribution mondiale est aussi mentionnée.

Mais aucun consensus n’a été trouvé pour demander cette mesure sur les boissons sucrées, en raison du manque de preuves sur cette question, selon un membre. Et ce malgré une majorité favorable et une recommandation de l’OMS aux Etats membres il y a deux ans pour une taxe de 20%.

Certains pays ont déjà appliqué ce souhait. La politique de l’organisation sur cette question “ne changera pas”, a encore dit M. Tedros devant la presse. La Commission a elle expliqué ne pas avoir reçu d’injonction des entreprises de la branche.

Code de conduite

Les gouvernements et l’OMS devraient aussi améliorer leur mécanisme de suivi des objectifs liés aux MNT. Les membres de la Commission demandent aux Etats d’oeuvrer davantage avec la société civile et le secteur privé, à l’exception de l’industrie du tabac. Cette collaboration doit être menée notamment avec celles de l’alimentaire, du sport, des transports, des technologies et de la pharma.

Avec comme objectif de réglementer la publicité, de défendre l’activité physique et la mobilité durable, de garantir un accès à des médicaments à bas prix et d’utiliser les nouvelles technologies. La Commission souhaite un code de conduite international et un mécanisme de suivi pour la restriction de la publicité de produits pas sains auprès des enfants.

Elle demande surtout d’établir des priorités parmi les MNT. La prévention doit faire partie de la couverture de santé nationale et le dispositif de santé doit être renforcé.

Selon M. Tedros, ce rapport constitue “une étape importante” pour le droit à la santé pour tous. Les recommandations seront relayées à l’Assemblée générale de l’ONU dans quelques mois. Un nouveau rapport est également prévu dans un peu plus d’un an. M. Tedros attend de la Commission des mesures concrètes pour l’application des recommandations lancées.

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