Des perspectives suisses en 10 langues

Manifestations pour appeler Trump à publier sa feuille d’impôts

Plusieurs milliers de personnes ont défilé dans plus de 150 villes américaines pour exiger que Donald Trump publie sa feuille d'impôts. Les organisateurs avaient apporté un grand Donald Trump gonflable en forme de poule, pour symboliser la frousse supposée du président américain. KEYSTONE/AP/REED SAXON sda-ats

(Keystone-ATS) Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi dans plus de 150 villes américaines pour exiger la publication des déclarations d’impôts du président Donald Trump. Le milliardaire s’y refuse contrairement à ses prédécesseurs depuis plus de 40 ans.

A Washington, un long cortège de plusieurs milliers de personnes a défilé sur Pennsylvania Avenue à partir du Capitole où plusieurs élus se sont adressés à la foule. Les participants criaient “Honte!” en passant sous les fenêtres de l’hôtel Trump. Ils brandissaient des pancartes telles que “Que caches-tu?” ou insinuant des conflits d’intérêts avec la Russie.

Environ 5000 personnes, selon un décompte de Reuters, se sont rassemblés pour cette “Tax March” dans le Bryant Park de Manhattan, d’où ils devaient rejoindre Central Park, et le même nombre environ s’est réuni à Los Angeles. D’autres rassemblements avaient lieu à Philadelphie, Boston, Seattle, San Francisco, et ailleurs à travers les Etats-Unis.

Les organisateurs avaient apporté un grand Donald Trump gonflable en forme de poule, pour symboliser la frousse supposée du président américain. “S’il n’a rien à cacher, il doit publier sa feuille d’impôts”, disait Liz Turner, 31 ans, à Washington.

Que soupçonne-t-elle qu’on y trouverait? “Je ne sais pas, peut-être quelque chose sur la Russie?” “Probablement beaucoup d’investissements illégaux ou douteux”, affirmait une retraitée de 67 ans, Ellen Lodwick, qui participe à toutes les manifestations anti-Trump depuis son élection.

Bagarres

Les manifestations se sont déroulées dans le calme alors qu’en parallèle, des échauffourées ont éclaté à Berkeley, de l’autre côté de la baie de San Francisco, dans un parc entre des partisans du président et ses adversaires. Une quinzaine de personnes ont été interpellées, selon le journal local East Bay Times.

“Nous allons visionner les vidéos de surveillance et celles prises par des témoins qui nous ont été envoyées et peut-être lancer des mandats d’arrêt”, a déclaré la porte-parole de la police de Berkeley, Byron White, citée par CNN.

Un symbole

Selon les organisateurs de la “Tax March”, qui espèrent jusqu’à 100’000 manifestants au total, l’appel à manifester est venu d’un tweet diffusé après la manifestation géante pour les droits des femmes le 21 janvier dernier, au lendemain de l’investiture du milliardaire à la Maison Blanche.

“Trump affirme que personne ne se préoccupe de ses impôts. La prochaine grande manifestation devrait être une journée des impôts pour prouver qu’il a tort”, écrivait le satiriste Frank Lesser sur son compte, un tweet rediffusé plus de 21’000 fois.

La date du 15 avril a été choisie car elle correspond généralement à la date butoir pour déclarer ses impôts aux Etats-Unis, même si elle a été repoussée cette année au mardi 18 avril. Dans un sondage publié le 4 avril par l’université de Quinnipiac, plus des deux tiers des personnes interrogées jugeaient que le président devait publier ses déclarations d’impôts.

La Maison Blanche n’a pas fait de commentaire sur ces manifestations.

Pas d’obligation légale

Quelques informations ont été tout de même diffusées sur les impôts payés par Donald Trump. En octobre, le New York Times a rapporté que le futur président américain avait déclaré une perte de 916 millions de dollars en 1995.

Le mois dernier, la chaîne MSNBC a dit s’être procuré deux pages de déclarations fiscales de 2005 montrant que le président américain avait payé cette année-là 38 millions de dollars d’impôts et déclaré plus de 150 millions de dollars de revenus

La loi n’oblige actuellement que la publication d’une déclaration financière qui donne une approximation du patrimoine, des dettes et des revenus, mais ne permet pas par exemple de vérifier le montant des impôts réglés.

“Barre éthique”

Cette information a une importance, pour les détracteurs du dirigeant, car l’ancien promoteur immobilier s’est vanté d’avoir su utiliser toutes les niches fiscales légales pour réduire son imposition à un minimum. Donald Trump justifie son refus de publier ces documents par les contrôles fiscaux dont il fait l’objet.

“Publier sa feuille d’impôt est la barre éthique la plus basse possible pour un président”, a lancé aux manifestants le sénateur démocrate Ron Wyden. “Et nous exigerons qu’il l’atteigne”.

Le président américain n’était pas à Washington ce week-end mais dans sa propriété de Mar-a-Lago à West Palm Beach en Floride. Là aussi, quelques manifestants ont brandi des pancartes le long de la route conduisant à son club privé, notamment: “Suivez l’argent”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision