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Merkel juge “obsolètes” les règles actuelles de l’UE sur l’asile

(Keystone-ATS) Les règles européennes actuelles régissant la prise en charge des demandeurs d’asile sont “obsolètes” et il faut les remplacer par une “nouvelle procédure”, a plaidé mercredi Angela Merkel devant le Parlement européen. Selon elle, il faut “plus d’Europe”.

“Soyons francs, le processus de Dublin (en vertu duquel les réfugiés doivent demander l’asile dans le premier pays européen où ils sont arrivés, ndlr), dans sa forme actuelle, est obsolète”, a estimé la chancelière, qui s’exprimait devant les eurodéputés réunis à Strasbourg, au côté du président français François Hollande.

Le dispositif actuel, qui de facto fait reposer sur des pays comme l’Italie et la Grèce la responsabilité d’accueillir l’essentiel des réfugiés, “partait d’une bonne intention sans aucun doute, mais les défis qui se posent à nos frontières sont désormais intenables”, a analysé Mme Merkel.

Répartition “équitable” des réfugiés

“Je plaide en faveur d’une nouvelle procédure” pour répartir avec “équité” les demandeurs d’asile entre pays européens, a ajouté la chancelière, dont le pays s’attend officiellement à accueillir entre 800’000 et un million de migrants en 2015.

Observant que “personne ne quitte son pays le coeur léger, même ceux qui partent pour des raisons économiques”, la chancelière a souligné que “à ces personnes-là, nous devons aussi pouvoir dire qu’elles ne peuvent pas rester chez nous”.

Ne pas se cloisonner

Pour autant, “il faut proposer une perspective aux milliers des réfugiés”, a-t-elle soutenu. “Nous ne devons pas être tentés d’agir à l’échelle des Etats-nations. Bien au contraire, c’est précisément maintenant qu’il nous faut plus d’Europe”, a-t-elle insisté.

Mme Merkel a observé que “ce ne serait à l’avantage de personne” si les Etats européens essayaient de se “cloisonner complètement”. “Se cloisonner, se fermer, à l’époque de l’internet, c’est une illusion”, a-t-elle argué.

“Le débat n’est pas entre plus d’Europe et moins d’Europe, mais entre l’affirmation de l’Europe et la fin de l’Europe”, avait de son côté affirmé un peu plus tôt François Hollande. Le président français avait insisté sur l’objectif “d’une fédération d’Etats-nations qui doit rester notre horizon”, idée défendue par Jacques Delors il y a 25 ans mais désormais peu populaire.

M. Hollande a cité la formule utilisée par François Mitterrand en 1995 devant la même assemblée pour l’un de ses derniers discours – “le nationalisme, c’est la guerre”. “Le souverainisme, c’est le déclinisme”, a-t-il ajouté, en contradiction avec la montée du sentiment anti-européen dans presque tous les pays de l’UE.

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