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Mondial 2018: la France en finale vingt ans après

(Keystone-ATS) Les Bleus sont en finale du Mondial ! 20 ans après la saga France-98 dont il était le capitaine, Didier Deschamps a hissé son équipe en finale après un succès 1-0 face à la Belgique à St-Pétersbourg.

La taille patron. Difficile de dire autre chose de cette équipe de France qui, tellement sûre d’elle-même bien qu’elle n’ait fini de s’inventer qu’en cours de tournoi, a osé l’impensable en demi-finale: laisser l’initiative à ces Diables rouges enragés et surdoués capable de faire naître le danger dans les moindres recoins du terrain.

Oui, la France a été dominée au regard de la possession de balle (61%-39%). Oui, elle a souffert face à un Eden Hazard toujours aussi remuant et talentueux. Mais – et là encore, génie et folie se confondent -, peut-être faut-il soupçonner Didier Deschamps d’avoir condamné à dessein Benjamin Pavard à affronter le capitaine belge en un-contre-un tout le match pour mieux verrouiller l’axe. Jusqu’à effacer Romelu Lukaku et Kevin De Bruyne.

A l’horizontale

Comme si tout était prévu d’avance dans ce choc de punchers, les Bleus ont accepté de souffrir pour mieux contrer. Les équilibres étaient bien fragiles mardi soir, surtout dans une première période au cours de laquelle les deux équipes auraient pu céder. Les Français ont même cédé, une fois, sur un tir de Toby Alderweireld à la 22e. Le défenseur de Tottenham pourra toutefois désormais lui aussi dire, à l’instar de Pelé quand il parlait de Gordon Banks, qu’il a marqué un but mais que son coéquipier en club Hugo Lloris l’a arrêté.

Comme contre l’Uruguay en quart de finale, le capitaine des Bleus, à l’horizontale, a mis son veto. Tout aurait été bien différent. Jamais la Belgique ne s’en relèvera.

Au contraire, cette parade de classe mondiale a eu l’effet d’exciter un peu plus une équipe de France un peu en deçà jusque-là. Une tête non cadrée d’Olivier Giroud (31e), une reprise manquée par l’attaquant de Chelsea sur une parfaite remise de Kylian Mbappé (34e), un sauvetage de Thibaut Courtois devant Pavard (39e): les Français ont subitement fait très mal aux joueurs de Roberto Martinez (ils auront au final tiré deux fois plus au but).

Et le Plat Pays s’est retrouvé à terre, à la 51e, après un corner concédé par un Vincent Kompany dont le tacle a in extremis privé Giroud d’ouvrir le score. Ce fut chose faite dans la continuité, avec un centre d’Antoine Griezmann sur lequel a surgi Samuel Umtiti qui, brûlant la politesse à la tour Marouane Fellaini de la tête, a propulsé les siens aux portes du paradis et envoyé les Diables en enfer.

Après la maturité…

Un arrière central qui marque, juste récompense pour tout le système défensif français, articulé autour d’un N’Golo Kanté magnifique d’intelligence et s’appuyant sur un Raphaël Varane s’installant dans la caste des très grands. Sans oublier, évidemment, Hugo Lloris qui, le soir où il a égalé Deschamps avec 103 sélections, a ressorti le grand jeu sur un missile d’Axel Witsel à la 81e.

Comme en 2006 contre l’Italie, la France cherchera donc, dimanche, à broder une deuxième étoile à son maillot, face à l’Angleterre ou la Croatie. La Belgique, elle, va pleurer longtemps cette nouvelle occasion manquée par la “génération Hazard” qui semblait vraiment à maturité cette année. Or après la maturité vient le déclin et le prochain Mondial, dans quatre, paraît être déjà beaucoup trop éloigné pour plusieurs cadres de cette sublime équipe.

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