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Monsieur Prix plaide pour des réformes de la santé

Pour le surveillant des Prix Stefan Meierhans, ses recommandations "s'empoussièrent" dans les tiroirs de l'Administration. Il souhaite instaurer des règles plus strictes (archives). KEYSTONE/MARCEL BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Face à l’augmentation régulière des primes des assurances maladie, le surveillant des Prix Stefan Meierhans juge sévèrement la politique et l’Administration fédérales. Il milite pour que ses recommandations – ignorées durant des années – soient plus contraignantes.

Les primes reflètent les coûts de la santé, qui ont doublé depuis 1996. Partageant ce constat, Stefan Meierhans affirme dans un entretien avec la SonntagsZeitung que “les décisions qui provoquent ces coûts sont prises au sein des cantons et de la Confédération, en particulier au ministère de l’Intérieur. Les responsables sont là”.

Ceux-ci ne parviennent pas à former une majorité politique qui inverserait la courbe. “Si cela continue de la sorte, les primes poursuivront leur hausse frénétique”.

Des contre-mesures seront probablement prises à ce moment-là seulement. Lorsque les primes seront douloureuses non seulement pour les classes moyennes comme c’est le cas aujourd’hui mais pour tous, alors “le bouchon des réformes sautera”, pressent Stefan Meierhans.

Et Monsieur Prix de lister tout un éventail de mesures qui ont été négligées et qui pourraient mener à un endiguement des frais: depuis des années, il donne des recommandations qui “s’empoussièrent souvent dans les tiroirs de l’Administration”.

La question des génériques et du matériel médical est un bon exemple. Il a plaidé en 2009, puis en 2011 pour un changement de système: tous deux sont enfin prévus, mais pour 2019.

Berne mené par la pharma

Monsieur Prix ne cache pas une certaine irritation à voir que le réexamen périodique des tarifs des médicaments a été suspendu. Cela ne suffit pas de dire que cette décision résulte d’un arrêt du Tribunal fédéral, saisi par l’industrie pharmaceutique. Le Département fédéral de la santé n’avait simplement aucun plan B pour ce cas de figure, déplore-t-il.

“Je constate que les autorités se laissent mener par la pharma plutôt qu’elles ne gardent les rênes”, soutient-il encore. Un remède serait, selon lui, que les caisses maladie ou les organisations de défense des consommateurs puissent aussi recourir contre les prix des médicaments. “De cette manière il serait possible de passer des accords qui baisseraient les prix”.

Selon lui, la situation pourrait s’améliorer si son service obtenait plus de marge de manoeuvre. Il propose donc d’instaurer des “délais contraignants”, durant lesquels les autorités devront réagir à ses recommandations. “Le Département de la santé ne pourrait plus attendre dix ans au détriment des assurés, comme c’est le cas avec les génériques”.

La pièce symbolique

Les primes d’assurance maladie devraient augmenter en moyenne de 4 à 5% l’an prochain en Suisse, selon la faîtière des assureurs santésuisse. Elles ont déjà cru de quelque 4% en moyenne ces deux dernières années. La hausse des coûts est due entre autres à des visites médicales plus fréquentes et plus chères.

Là aussi, Monsieur Prix dégaine une solution: le Parlement doit discuter de l’introduction d’une taxe systématique. “Si un patient devait débourser une pièce de cent sous par consultation, il s’y rendrait moins”. Une idée déjà avancée en son temps par l’ancien ministre de la santé Pascal Couchepin.

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