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Mort du nonce poursuivi pour pédophilie: une cause naturelle

(Keystone-ATS) Jozef Wesolowski, l’ancien prélat polonais accusé de pédophilie, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi d’une mort naturelle liée à un problème cardiaque. Le Vatican l’a annoncé samedi, communiquant les premiers résultats de l’autopsie.

Le procureur du Vatican avait ordonné une autopsie après que Mgr Jozef Wesolowski eut été trouvé mort au “collège des pénitenciers” du tribunal du Vatican, où il était assigné à résidence depuis septembre 2014. Une soeur polonaise qui vivait dans l’immeuble l’aurait découvert la première sans vie, devant son téléviseur encore allumé, à l’aube de vendredi, selon le quotidien italien Il Messaggero.

Une commission de trois experts, coordonnée par le professeur Giovanni Arcudi, médecin légiste de l’université Tor Vergata de Rome, a effectué l’autopsie dès l’après-midi de vendredi: “Selon les premières conclusions émanant de l’examen macroscopique, la cause naturelle du décès, attribué à un épisode cardiaque, est confirmée”.

“Dans les prochains jours, le bureau du procureur recevra les résultats ultérieurs provenant des examens de laboratoire de routine effectués par la commission”.

Corps transféré en Pologne

Les funérailles de Jozef Wesolowski, a par ailleurs indiqué le père Ciro Benedettini, vice porte-parole, auront lieu le lundi 31 août à 17h dans la chapelle du gouvernorat de la Cité du Vatican. Les obsèques seront célébrées par son compatriote, le Polonais Mgr Konrad Krajewski, aumônier du pape.

La cérémonie sera ouverte à tous les fidèles qui le souhaitent, mais aucune photographie ou enregistrement vidéo ne sera autorisé. Le corps du défunt sera ensuite transféré en Pologne, à la demande de sa famille, “selon toutes probabilités” dès le lendemain, a ajouté le père Benedettini.

Fin du premier procès

Ce décès brusque a mis fin de manière abrupte au premier procès au Vatican pour abus sexuels sur mineurs.

Agé de 67 ans, Jozef Wesolowski souffrait au moins depuis décembre d’accès dépressifs et de problèmes de santé. Il avait été hospitalisé le 10 juillet, à la veille de l’ouverture de son procès.

Le Vatican avait parlé d’un malaise dû à une chute de tension, mais la presse italienne avait affirmé qu’il avait absorbé un mélange d’alcool et de médicaments, laissant planer le doute d’une tentative de suicide.

Poursuivi pour actes pédophiles sur des enfants de 13 à 16 ans à Saint-Domingue, mais aussi pour détention et recel “en quantité importante” de photos pédopornographiques, chargées sur l’internet au Saint-Siège, il risquait six à sept ans de prison, sans compter d’éventuelles circonstances aggravantes. Au plan canonique (justice ecclésiale) il avait été jugé et sanctionné en juin 2014 par la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui l’avait réduit à l’état laïque, la peine maximale pour un prélat.

Ce procès pénal manqué a été perçu comme un échec du processus de transparence du pape François, qui a adopté une ligne ferme dans les affaires de pédophilie dans l’Eglise. C’était le premier procès jamais organisé au Vatican même sur de telles accusations.

Des associations comme le réseau américain d’anciennes victimes SNAP attendaient que l’accusé mette en cause d’autres prélats et ont regretté que la lumière ne puisse jamais être faite sur les éventuelles complicités et protections dont il aurait bénéficié.

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