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Musée ou supermarché ? Le sort de la maison d’Hitler en débat

L'avenir de la maison de naissance de Hitler n'est pas encore défini. (archives) KEYSTONE/APA/MANFRED FESL sda-ats

(Keystone-ATS) Détruire la maison natale d’Adolf Hitler, la transformer en commerce ou en lieu éducatif ? Le sort de la bâtisse située dans le nord de l’Autriche fait l’objet de débats au sein du gouvernement qui a validé mardi le projet de loi visant à saisir les lieux.

Le ministre de l’Intérieur Wolfgang Sobotka a réitéré à cette occasion sa préférence pour une destruction de la maison située dans le centre de Braunau am Inn, une commune de 17’000 habitants, près de la frontière allemande.

Mais le vice-chancelier Reinhold Mitterlehner a rappelé que cette bâtisse, à la façade jaune plutôt quelconque, était protégée et “ne pouvait être démolie”. Il a suggéré d’en faire un lieu à vocation “éducative”, comme un musée.

Son collègue de l’Intérieur a néanmoins mis en doute la légitimité du classement de la maison, rappelant qu’il remontait à l’époque nazie après l’annexion de l’Autriche par le Troisième Reich d’Hitler en 1938.

Options examinées

Le projet de loi lancé en avril pour saisir la maison natale d’Hitler vise à mettre un terme à une longue bataille judiciaire avec sa propriétaire actuelle et à empêcher qu’elle ne devienne un lieu de pèlerinage. Le texte doit encore être approuvé par le parlement.

Une commission composée de douze personnalités a été constituée pour examiner les différentes options.

La maison, où Hitler est né le 20 avril 1889, est vide depuis 2011. Dans les années 1970, le gouvernement autrichien avait signé un bail avec la propriétaire, une habitante de la ville, et transformé la maison en centre pour personnes handicapées, jusqu’à ce que la propriétaire refuse d’autoriser des travaux de rénovation indispensables.

Tourisme craint

Gerhard Baumgartner, directeur du centre autrichien de documentation sur la Résistance, plaide de son côté pour une “dépolitisation complète” du lieu suggérant même d’en faire “un supermarché” ou “une caserne de pompiers” devant lesquels personne n’aura idée de se prendre en photo.

Il craint la montée d’un “genre de tourisme” autour du bâtiment: “l’année dernière un bus de tourisme hongrois s’y est arrêté et cette année plusieurs personnalités d’extrême droite”, a-t-il affirmé sur la radio Ö1.

A la hauteur du 15, rue Salzburger Vorstadt, on peut lire sur une dalle en pierre : “Pour la paix, la liberté et la démocratie. Plus jamais de fascisme : des millions de morts nous le rappellent”.

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