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Neuchâtel offre une alternative aux consommateurs de Crystal

Olivier Guéniat, chef de la police judiciaire neuchâteloise, tient un sachet de méthamphétamine. Il participait à la présentation d'un programme novateur de lutte contre cette drogue hautement addictive. KEYSTONE/LEO DUPERREX sda-ats

(Keystone-ATS) Le canton de Neuchâtel adopte une stratégie innovante pour lutter contre le marché de la méthamphétamine. Ce modèle permet aux consommateurs d’échapper aux poursuites judiciaires s’ils acceptent de suivre des séances d’information sur les effets de cette drogue.

Baptisé WarningMeth, ce programme présenté mardi s’adresse aux nouveaux consommateurs de Crystal ou de pilules thaïes interpellés par la police. Le consommateur peut échapper à la répression s’il accepte de suivre quatre séances individuelles psycho-éducatives organisées par Addiction Neuchâtel.

“Si la personne refuse, son cas est transmis au Ministère public”, a précisé Olivier Guéniat, chef de la police judiciaire neuchâteloise. Un consommateur interpellé par la police doit s’acquitter d’une amende de 300 francs. Son dossier est transmis au service des automobiles avec à la clé un retraît de permis.

Alternative

Ce “marché” entre la police et le consommateur n’enfreint pas la loi fédérale sur les stupéfiants (LStup), a relevé le procureur général du canton de Neuchâtel Pierre Aubert. Une disposition de la LStup permet de privilégier les mesures de protection à la répression.

“Cette nouvelle politique criminelle innovante doit permettre aux gens de sortir plus tôt de la toxicomanie”, selon Olivier Guéniat. L’objectif n’est pas d’éradiquer le trafic de la méthamphétamine. Ce programme qui repose sur le volontariat pourrait concerner entre 30 et 50 personnes. Un premier bilan sera dressé après une année.

Nord-ouest de la Suisse

Le marché de la méthamphétamine s’est développé et a trouvé un ancrage dans tout le Nord-ouest de la Suisse, de Neuchâtel, en passant par Bienne jusqu’à Bâle. Son apparition en Suisse et sa répartition géographique semblent liées à la prostitution thaïlandaise dans les années nonante.

Cette substance est apparue dans le canton d’abord sous sa forme de pilules thaïes puis sous sa forme de Crystal, substance hautement addictive. Le prix d’un gramme de Crystal se négocie entre 250 et 350 francs. Les personnes dépendantes se livrent au trafic pour financer leur propre consommation.

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