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Non à la censure et au monopole des casinos suisses sur Internet

De plus en plus de joueurs délaissent les casinos pour jouer sur Internet (archives). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) Les casinos suisses ne doivent pas avoir le monopole des jeux d’argent sur Internet. Dénonçant le blocage des autres offres en ligne prévu dans la nouvelle loi soumise au peuple le 10 juin, les opposants ont lancé jeudi à Berne leur campagne de votation.

A l’origine du référendum, les jeunesses du PLR, du PVL et de l’UDC partent renforcés au combat. Outre les Jeunes Verts qui avaient également récolté des signatures, les Jeunes socialistes et le PLR prônent désormais le refus de la loi. L’UDC a décidé de laisser la liberté de vote.

Selon les opposants de droite, la nouvelle loi est dangereuse car elle ouvre la voie à d’autres censures sur Internet. L’Etat voudra-t-il ensuite “bloquer Netflix pour protéger les médias suisses ou Zalando pour ménager le prêt-à-porter helvétique”, s’est interrogée la conseillère nationale Natalie Rickli (UDC/ZH). L’Etat n’impose même pas de blocage pour les pédocriminels.

Contournable en 20 secondes

Le mécanisme prévu pour les jeux d’argent ne fonctionnera de toute façon pas. Les fournisseurs d’accès à Internet devront bloquer non les contenus mais seulement les adresses IP et les noms de domaine étrangers. Les utilisateurs qui refusent cette mise sous tutelle pourront contourner le problème en 20 secondes, ont insisté plusieurs orateurs.

Les joueurs en ligne concernés seront alors privés de toute protection. Le Parlement a lui-même refusé de renforcer la protection des joueurs dans la nouvelle loi. Les opposants ont assuré qu’ils auraient soutenu la taxe pour lutter contre la dépendance au jeu ou la création d’une commission fédérale ad hoc.

Selon eux, ce n’est pas une raison pour restreindre la liberté de tous et prévoir un monopole des casinos sur Internet. Et de dénoncer le lobbying des maisons de jeu auprès des parlementaires. Interrogé sur le sujet, le conseiller national Marcel Dobler (PLR/SG) a confirmé avoir été approché en ce sens, sans vouloir en dire plus.

Moins de compétitivité

Le blocage touchera de grands acteurs internationaux de jeux en ligne, mais aussi des start-ups suisses, déplorent ses détracteurs. Sans compter le risque de blocage abusif. L’isolement numérique découragera des entreprises suisses innovantes et la compétitivité chutera, a averti le président des Jeunes UDC Benjamin Fischer.

Le marché noir fleurira car seuls deux ou trois casinos suisses offriront sans doute des jeux en ligne, ce qui ne suffira pas à combler les besoins du marché. Contrairement à ce qu’ils affirment, les casinos ne parviendront pas à rapatrier les 150 à 750 millions par an qu’absorbent actuellement les plateformes étrangères.

Plusieurs sociétés étrangères de jeux en ligne auraient pourtant été prêtes à participer à un système libéral de concessions les obligeant à remplir certaines exigences. Une vingtaine de pays dont l’Italie et la France (pour le poker) ont opté pour cette voie, a développé M.Fischer. Au Danemark, le marché noir ainsi pu être réduit à 5% au Danemark et l’Etat a accru ses revenus d’un tiers.

Revenus assurés

Contrairement à ce que disent les partisans de la réforme, un rejet de la loi ne mettrait pas en danger les revenus fiscaux des jeux destinés au sport et à la culture, a assuré le président des Jeunes PLR Andri Silberschmidt. On en resterait au statu quo.

Il vaut mieux enterrer le texte et revenir avec un meilleur assurant des règles du jeu économiques équitables et une meilleure protection des joueurs. Selon Mme Rickli, une victoire en votation est possible, même si rien n’est joué.

Le comité référendaire a prévu plusieurs affiches dont une sur la censure avec un bandeau barrant la croix suisse. Il se veut toutefois très transparent sur le financement de sa campagne.

Grâce à l’aide d’un nombre croissant d’associations économiques, le comité dit avoir renoncé au soutien direct d’acteurs étrangers après l’aboutissement du référendum. Selon M.Silberschmidt, les fonds réunis dépassent les 100’000 francs et le comité espère s’approcher du million à la fin. “Contrairement à nos adversaires, notre budget n’est pas illimité.”

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