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Nouvelle initiative de paix de l’ONU en Syrie

(Keystone-ATS) L’émissaire de l’ONU pour la Syrie s’est entretenu jeudi à Damas avec le régime et l’opposition de l’intérieur sur une initiative de paix. Washington s’est dit “ouvert” à des discussions avec Moscou.

Sur le terrain, des hélicoptères du régime de Damas on largué des barils d’explosifs près de la ville de Deera dans le sud, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Au moins 21 civils ont péri, dont des femmes et des enfants.

Cette attaque est intervenue quelques heures après la condamnation par des puissances occidentales de frappes aériennes par le régime contre Alep dans le nord du pays, faisant au moins 53 morts, dont 13 enfants et deux femmes, selon la même source. En outre, dans le fief de l’EI à Raqa (nord), 18 civils et djihadistes ont péri lors de raids du régime.

La Maison Blanche, tout en s’alarmant d’une montée en puissance militaire de la Russie en Syrie où Moscou soutient le président Bachar Al-Assad, a indiqué être ouverte “à des discussions tactiques et pratiques avec les Russes”. Le but étant de renforcer la coalition internationale contre les djihadistes ultra-radicaux de l’Etat islamique (EI).

Solution à tout prix

A Damas, le diplomate de l’ONU Steffan de Mistura est venu pousser une initiative de paix alors que l’Occident, submergé par l’arrivée des migrants, veut une solution politique au conflit quitte à trouver un compromis avec le président Al-Assad, dont il exigeait le départ.

M. de Mistura n’a fait aucun commentaire après une rencontre avec le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem. Mais ce dernier a insisté sur le fait que “la lutte contre le terrorisme” était “la priorité et le prélude à une solution politique”, selon l’agence officielle Sana.

Bachar al-Assad et son allié russe Vladimir Poutine martèlent ce message en le liant à la crise des réfugiés, provoquée selon eux par l’avancée de l’EI en Syrie et Irak.

Soutien suisse

M. Mouallem a précisé à son interlocuteur que Damas attendait plus de précisions sur son initiative de créer quatre comités thématiques avant de “prendre les décisions opportunes”.

M. de Mistura avait assuré le ministre qu’il “s’agissait de quatre comités de réflexion et dont les résultats ne sont pas contraignants”, a précisé sa porte-parole Jessy Chahine. Il s’agit d’un point essentiel pour les autorités syriennes, qui ne veulent pas avoir les mains liées.

L’émissaire de l’ONU avait proposé fin juillet une nouvelle approche sur la base de “discussions thématiques” entre Syriens. A la mi-août, son adjoint Ramzi Ezzedine Ramzi avait soumis à Damas un document de 60 pages présenté comme un “recueil d’idées” récoltées auprès d’interlocuteurs de l’opposition, du régime et de la société civile.

La Suisse a dans cette perspective été chargée par l’ONU de conduire un des groupes de travail. Une nouvelle ronde de pourparlers sur la Syrie doit avoir lieu à Genève. Des médiateurs vont se mettre au travail ces prochains jours déjà, selon le conseiller fédéral Didier Burkhalter.

Terrorisme rejeté

M. de Mistura a également obtenu l’accord de l’opposant de l’intérieur Hassan Abdel Azim pour que son groupe participe à ces comités. “Le terrorisme est un phénomène que nous rejetons tous et le combattre demande avant tout un arrêt du conflit entre le pouvoir et l’opposition”, a déclaré M. Abdel Azim.

La venue de M. de Mistura intervient au moment où se dessine une nouvelle phase dans cette guerre qui a fait 240’000 morts depuis 2011.

Jusque-là discrète, la Russie affiche de plus en plus ouvertement sa présence militaire en Syrie aux côtés du régime face à la coalition internationale conduite par les Etats-Unis pour lutter contre l’EI.

Damas demandera à l’armée russe de combattre aux côtés de ses troupes si cela s’avère nécessaire, mais pour le moment, il n’y a pas de soldats russes engagés dans les affrontements en Syrie, a assuré jeudi le chef de la diplomatie syrienne, Walid al Moualem.

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