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Ouverture du procès de Bill Cosby pour agression sexuelle

L'acteur américain Bill Cosby lundi au tribunal de Norristown, petite ville de la banlieue nord-ouest de Philadelphie, vêtu d'un costume noir et d'une cravate à rayures. Keystone/AP/DAVID MAIALETTI sda-ats

(Keystone-ATS) Le procès pour agression sexuelle de Bill Cosby s’est ouvert lundi à Norristown aux Etats-Unis, en présence de l’acteur américain déchu. A 79 ans, il risque plus de dix ans de prison. Un premier témoignage d’une victime présumée a été déposé.

M. Cosby est arrivé peu avant 09h00 (15h00 suisses) au tribunal de cette petite ville de la banlieue nord-ouest de Philadelphie, vêtu d’un costume noir et d’une cravate à rayures. L’acteur, devenu aveugle, marchait avec à son bras une des stars du “Cosby Show” qui a fait de lui une des vedettes les plus populaires du petit écran américain, Keshia Knight Pulliam.

L’épouse de Bill Cosby, qui a toujours soutenu publiquement son époux, n’était, elle, pas présente, pas plus que d’autres acteurs du “Cosby Show”, annoncés par certains médias américains.

L’ancien héros de l’Amérique en général, et de la communauté noire en particulier, doit répondre d’accusations d’agression sexuelle devant un jury venu de Pittsburgh.

Une cinquantaine de femmes accusent

Depuis son inculpation, fin décembre 2015, le créateur et héros du “Cosby Show” a rejoint la liste désormais bien étoffée d’hommes célèbres mis en cause pour abus sexuels. Elles sont une cinquantaine de femmes à avoir accusé, ces dernières années, William Henry Cosby Jr. Mais Andrea Constand, personnage central de ce procès, est la seule pour laquelle les faits ne soient pas prescrits pénalement.

Mme Constand affirme avoir été agressée sexuellement par Bill Cosby, début 2004, lors d’une visite au domicile de l’acteur, dans la banlieue de Philadelphie. Pour parvenir à ses fins, l’humoriste l’aurait incitée à boire du vin et à ingérer des pilules. Le mélange l’aurait rendue, selon elle, incapable de se défendre.

Interrogé dans le cadre d’une procédure civile intentée par Andrea Constand, Bill Cosby avait reconnu, en 2005, lui avoir donné alcool et pilules, sans lui dire ce qu’elles contenaient, et s’être ensuite livré à des attouchements. Mais pour lui, il s’agissait d’une relation consentie, l’acteur insistant sur le fait que la jeune femme n’avait, à aucun moment, manifesté sa désapprobation.

En larmes

En l’absence de témoin et d’élément matériel, tout est désormais suspendu au témoignage de cette Canadienne de 44 ans qui vit aujourd’hui à Toronto et ne s’est encore jamais exprimée publiquement sur l’affaire.

A l’appui du témoignage de l’accusatrice, le juge Steven O’Neill avait accepté que soit appelée à la barre, durant le procès, une autre victime présumée de Bill Cosby. Elle a été le premier témoin entendu, lundi après-midi.

En larmes, Kelly Johnson a raconté comment en 1996, selon elle, l’acteur avait insisté pour qu’elle absorbe une pilule et du vin, avant de se livrer à des attouchements, dans le bungalow d’un hôtel californien. Assistante de l’agent de Bill Cosby à l’époque, elle a expliqué avoir été “extrêmement intimidée”, n’osant pas quitter les lieux.

D’autres procédures au civil

“La confiance, la trahison, et l’incapacité de donner son consentement, voilà en quoi consiste ce dossier”, a expliqué l’adjointe du procureur du comté de Montgomery, Kristen Feden, lors de son propos liminaire. “Elle ne pouvait pas résister, mais elle ne pouvait pas consentir non plus”, a-t-elle ajouté, pour faire opposition aux assertions de l’accusé.

L’accusation avait espéré pouvoir appeler d’autres femmes se présentant comme des victimes de l’acteur, mais le juge a refusé.

Si à l’issue de ce procès, prévu pour durer deux semaines, le jury déclare Bill Cosby coupable d’un ou plusieurs des trois chefs d’accusation, l’acteur pourrait être condamné à passer, au minimum, dix ans derrière les barreaux. Pour cet homme de 79 ans, cela équivaudrait probablement à finir ses jours en prison, ternissant à jamais son image et sa réputation.

Mais même en cas de relaxe, les accusations devraient le poursuivre jusqu’à la fin de sa vie, d’autres procédures étant encore en cours au civil.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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