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Pas de nouveau procès pour le plus ancien condamné à mort au monde

La soeur du condamné à mort devant un panneau d'affichage de la police tokyoïte sur lequel figure des membres de sa famille, dont son frère, jeune (archives). KEYSTONE/AP/KATSUMI KASAHARA sda-ats

(Keystone-ATS) Un Japonais considéré comme le plus ancien condamné à mort au monde s’est vu refuser lundi le droit à être rejugé. Mais il ne perd pas tout. Libéré en 2014 dans l’attente d’un nouveau procès, il ne retournera plus en prison.

Il y a quatre ans, le tribunal de Shizuoka (sud-est) avait décidé de rouvrir le procès d’Iwao Hakamada, aujourd’hui âgé de 82 ans. Il admettait des doutes sur sa culpabilité en se basant sur des tests ADN négatifs effectués sur des vêtements ensanglantés, pièce maîtresse de l’accusation.

Hakamada avait alors retrouvé la liberté après 48 ans de détention. Mais lundi, la Haute cour de Tokyo a remis en cause la fiabilité de ces tests, jugés “peu orthodoxes”. Une décision qui marque un énième rebondissement dans la tristement célèbre “Hakamada jiken” (affaire Hakamaka).

“C’est regrettable”, a réagi sa soeur octogénaire, Hideko, qui l’a inlassablement soutenu, se rendant tous les mois à la prison pendant ces longues années. “Nous allons passer à l’étape suivante”, a-t-elle ajouté. Les avocats ont l’intention de faire appel de cette décision auprès de la Cour suprême, selon l’agence de presse Kyodo.

Trop vieux pour s’enfuir

Arrêté en 1966 et condamné à la pendaison deux ans plus tard, cet ancien employé d’une usine de soja, un temps boxeur professionnel, avait été reconnu coupable d’avoir tué son patron, la femme de ce dernier et leurs deux enfants. Lui a toujours clamé son innocence, même s’il avait signé des aveux, selon lui sous l’insistance musclée des policiers. Il s’est rétracté ensuite, mais en vain.

Sa peine capitale avait été confirmée par la Cour suprême en 1980. Libre depuis quatre ans dans l’attente d’un nouveau jugement qui ne viendra désormais plus, Iwao Hakamada ne retournera cependant pas en prison. La suspension de sa peine est maintenue, étant donné qu’il est peu probable qu’il tente de s’enfuir du fait de son âge et de sa santé fragile.

Les associations internationales de défense des droits de l’Homme dénoncent régulièrement la cruauté du système judiciaire japonais. Les condamnés à mort peuvent en effet y attendre des années en isolement et ne sont informés du moment de leur exécution que quelques heures avant.

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