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Perpétuité pour l’auteur de l’attaque au camion-bélier de Stockholm

L'assaillant a été reconnu coupable de cinq homicides à caractère terroriste et 119 tentatives sur les passants qui flânaient ce vendredi après-midi dans la rue piétonne la plus fréquentée de Stockholm le 7 avril 2017 (archives). KEYSTONE/EPA TT NEWS AGENCY/ANDERS WIKUND sda-ats

(Keystone-ATS) La justice suédoise a condamné jeudi à la réclusion à perpétuité pour terrorisme un demandeur d’asile ouzbek radicalisé qui avait lancé un camion de livraison dans une rue piétonne bondée de Stockholm en avril 2017. L’attaque avait tué cinq personnes.

Arrêté quelques heures après les faits le 7 avril, le suspect, âgé de 40 ans, a affirmé au cours de son procès avoir reçu le feu vert de représentants du “califat islamique” autoproclamé en Irak et en Syrie pour effectuer une opération suicide dans la capitale suédoise.

Dans une vidéo retrouvée sur son téléphone portable, il avait prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI) quelques minutes avant de voler le camion de livraison de bières. Mais l’EI n’a jamais revendiqué cet attentat.

Tuer “le plus possible”

L’assaillant “avait l’intention de tuer le plus possible de personnes”, ont estimé les juges. Il a été reconnu coupable de cinq homicides à caractère terroriste et 119 tentatives sur les nombreux passants qui flânaient ce vendredi après-midi dans la rue piétonne la plus fréquentée de Stockholm, dont dix ont été blessés au cours de son équipée meurtrière qui a duré moins d’une minute.

Suivant les réquisitions du parquet, la cour a également prononcé son expulsion à sa sortie éventuelle de prison assortie d’une interdiction définitive du territoire. En pratique, les condamnés à la peine la plus sévère du code pénal suédois effectuent en moyenne seize ans de prison.

Le camion avait fini sa course dans la vitrine d’un grand magasin. Au lieu d’exploser et de tuer l’assaillant comme il avait dit l’avoir espérer, les bouteilles de gaz disposées dans la cabine pour faire un maximum de victimes s’étaient enflammées, n’occasionnant que des dégâts matériels.

L’assaillant avait pris la fuite en s’engouffrant dans une station de métro. Il avait été interpellé dans la soirée dans une station essence au nord de Stockholm, repéré par des clients.

Tentative d’entrée en Syrie

Arrivé en Suède au début de la vague des grandes migrations en 2014, l’Ouzbek a été débouté de sa demande de permis de séjour en juin 2016. Il est ensuite entré en clandestinité pour éviter son expulsion. Il affirme s’être radicalisé il y a plusieurs années et avoir vainement tenté d’entrer en Syrie en 2015 via la Turquie, avant d’être expulsé vers la Suède.

Lors de son procès qui a duré près de trois mois, l’accusé n’a exprimé aucun regret. A peine a-t-il détourné le regard, resté le plus souvent vide, quand ont été projetées les images de l’attentat sur Drottninggatan (“la rue de la reine”).

“C’est Allah qui jugera si nous avons mal ou bien agi”, a répété à l’audience ce père de quatre enfants restés en Ouzbékistan.

Venger les musulmans

Son téléphone portable a révélé de nombreux échanges avec des interlocuteurs identifiés par des pseudonymes, qu’il a présentés comme investis d’une autorité au sein de l’EI ou du “califat”. Ces conversations sur des messageries cryptées semblaient clairement porter sur la préparation de l’attentat, mais l’enquête n’a pas permis d’établir qu’il avait bénéficié de complicités actives.

Les services suédois du renseignement (Säpo) continuent leurs investigations pour tenter d’identifier ces interlocuteurs.

L’homme a indiqué avoir commis son geste dans l’intention de “contraindre la Suède à mettre fin à ses activités de formation au sein de la coalition internationale contre l’Etat islamique en Irak”.

La Suède, qui n’est pas membre de l’OTAN, a déployé quelque 70 militaires en Irak, basés principalement dans le nord du pays, pour une mission de formation dans le cadre de la coalition contre l’EI.

Quelques heures après l’attaque, le Premier ministre suédois Stefan Lofven avait déclaré que le terrorisme n’inciterait pas la Suède à renier ses valeurs d’ouverture: “Notre message sera toujours clair: vous ne vous vaincrez pas, vous ne gouvernerez pas nos vies, vous ne gagnerez jamais.”

L’attentat de Stockholm avait provoqué un vif débat sur l’incapacité des autorités à faire exécuter les décisions d’expulsion, dans un pays ayant enregistré environ 400’000 demandes d’asile depuis 2012, soit une pour 25 habitants, un record en Europe.

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