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Plateaux repas: le Chinois HNA dans le viseur des autorités suisses

Le groupe chinois HNA a acquis Gategroup pour 1,5 milliard de dollars à la fin 2016 et les actions du zurichois ont été décotées de la Bourse suisse en avril (image symbolique). KEYSTONE/WALTER BIERI sda-ats

(Keystone-ATS) Le conglomérat chinois HNA Group se trouve en difficulté en Suisse. Selon les autorités, l’entreprise a produit des données partiellement erronées et incomplètes lors de son rachat du spécialiste zurichois des plateaux repas Gategroup. Elle devra régler 50’000 francs.

La Commission des offres publiques d’acquisition (COPA) l’a indiqué ce week-end. Sa décision n’a toutefois aucun impact sur le rachat de Gategroup, qui a déjà été finalisé. HNA a indiqué de son côté coopérer avec les autorités helvétiques et avoir mis à leurs dispositions toutes les informations nécessaires.

Contrairement à ce qui avait été déclaré, HNA était déjà sous le contrôle de ses cofondateurs au moment de la transaction. La COPA a, en outre, notifié à l’autorité judiciaire compétente et à l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) qu’une ou plusieurs infractions relevant de la loi sur l’infrastructure des marchés financiers pourraient avoir été commises.

Lourdement endetté

L’autorité suisse a aussi mandaté la société de conseil EY. Cette dernière doit vérifier si le principe du meilleur prix (“best price rule”) a été violé. Cette règle garantit à tous les actionnaires d’être traités de la même manière dans le cadre d’une offre publique d’achat (OPA).

L’affaire a été dévoilée par le journal économique Financial Time en juin. Elle a soulevé la question de savoir qui se cache réellement derrière le géant chinois, avide d’entreprises dans le monde entier, y compris en Suisse. Désormais très endetté, le groupe a dépensé 50 milliards de dollars (49 milliards de francs) en acquisitions au cours des deux dernières années.

Sur sol helvétique, la multinationale chinoise a acquis Gategroup pour 1,5 milliard de dollars à la fin 2016 et les actions du zurichois ont été décotées de la Bourse suisse en avril. La transaction faisait partie d’un achat chinois plus vaste, comprenant notamment l’acquisition de parts dans les hôtels de luxe Hilton ainsi que dans Deutsche Bank.

Dans le viseur de la BCE

La Banque centrale européenne (BCE) enquêterait d’ailleurs sur la participation de HNA dans l’établissement financier allemand. En Suisse, la COPA planche aussi sur les véritables propriétaires de l’entreprise chinoise, dans le but de savoir si elle a fait de fausses déclarations dans le prospectus de son offre pour Gategroup.

Lors de son OPA sur le spécialiste des plateaux repas, HNA a déclaré qu’il était directement et indirectement contrôlé par HNA (Hainan Airlines Company Limited Employees Union Committee) et par la fondation Cihang (Hainan Province Cihang Foundation). Ensemble, ils détenaient 70,25% des actions. Le reste des actions serait contrôlé par l’Américain Bharat Bhisé et le Chinois Jun Guan.

HNA a assuré à la COPA qu’il avait fourni des informations correctes. Mais en juillet 2017, le géant chinois a fait part, dans un communiqué de presse, d’une structure bien différente.

Tan Xiangdong, le patron du groupe, a aussi indiqué au Financial Time que Bharat Bhisé et Jun Guan détenaient des actions à titre fiduciaire. La COPA a alors à nouveau demandé des explications à l’entreprise. Après une prolongation de deux mois, la société a finalement déclaré que Bharat Bhisé et Jun Guan possédaient les actions à titre fiduciaire pour le compte des cofondateurs.

Plus important encore, dès 2008, un système d’options sur actions a été adopté par la firme. Le dispositif permet aux cofondateurs, Chen Feng, Wang Jian, Tan Xiangdong, Li Xianhua, Li Qing et Chen Wenli, de reprendre les parts de 47,5% d’HNA. Ces options ont déjà été exercées en décembre 2015, mais elles n’ont été exécutées qu’à une date ultérieure.

Pour rappel en Suisse, HNA Group a avalé le spécialiste de l’assistance au sol Swissport ainsi que le prestataire de services d’entretien pour l’industrie aéronautique SR Technics. Cette année, le conglomérat a finalisé l’achat d’une participation dans Dufry, le spécialiste bâlois des boutiques hors taxes.

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