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Pour le secteur du commerce en Suisse, la croissance sera onéreuse

(Keystone-ATS) L’abandon du taux plancher et le oui à l’initiative contre l’immigration de masse freinent la croissance du commerce en Suisse. Le secteur, premier employeur privé du pays, estime devoir investir 4 milliards de francs pour réussir le virage numérique.

Avec 680’000 collaborateurs, dont près de la moitié dans le commerce de détail, la branche garantit 14% des emplois en Suisse, a indiqué mardi l’association faîtière Commerce Suisse. Mais le secteur, comme l’industrie, pâtit du franc fort et le tourisme d’achat a déjà coûté 20’000 emplois à l’économie helvétique en l’espace de deux ans.

Malgré la réduction continue de ses effectifs, le commerce a pu maintenir des salaires stables. Dans la branche, la valeur ajoutée se situe à 168’700 francs par emploi et par an, soit en dessus de la moyenne de 158’000. Et bien au-delà d’autres secteurs comme l’agriculture ou la restauration.

Mais Commerce Suisse met tout de même en garde. “Si le tourisme commercial persiste ou se renforce, nous devons nous attendre à de nombreux licenciements et baisses de salaires, ce qui aura des conséquences néfastes sur l’économie entière”, a soutenu son directeur, Kaspar Engeli, devant la presse à Zurich.

Spécialisation coûteuse

Pour renforcer la productivité et la rentabilité, Commerce Suisse table sur la numérisation. Car aujourd’hui, la production en petites séries a remplacé la fabrication de masse et à la chaîne, avec à la clé, des processus toujours plus spécialisés. Pour le commerce et la logistique, il s’agit donc de s’adapter.

Cette mutation sera coûteuse. Car, faute de solutions de numérisations déjà disponibles, la branche devra faire oeuvre de pionnier, estime M. Engeli. “En nous basant sur des coûts moyens pour la numérisation et l’automatisation des processus commerciaux, nous pensons que le commerce suisse devra effectuer des investissements de 4 milliards de francs dans le commerce 4.0 dans les cinq années à venir”, calcule-t-il.

Réfugiés bienvenus

En attendant, le secteur souffre d’une pénurie de main-d’oeuvre spécialisée. En cause, la concurrence avec des branches mieux payées comme l’industrie pharmaceutique ou le bâtiment.

Un sondage auprès de 50 entreprises commerciales révèle que 45% d’entre elles emploient des immigrants peu qualifiés. En outre, 8% des sondés offrent un apprentissage à des réfugiés et un tiers se déclarent prêts à en engager dans le cadre de projets d’intégration, pour autant que l’Etat leur paie des cours de langue.

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