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Près de deux tiers des plus de 50 ans envisagent l’aide au suicide

La majorité des personnes interrogées aimerait être, en fin de vie, accompagnée étroitement par leur médecin (image symbolique). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) La majorité des Alémaniques souhaite que leur médecin traitant les accompagne lors d’une procédure de suicide assisté. Et 63% des 50 ans et plus ont déjà songé à recourir à l’euthanasie en fin de vie.

Exit Suisse alémanique a présenté mardi un sondage sur les attentes de la population du troisième âge par rapport aux médecins traitants en matière d’aide au suicide.

Moins de la moitié des sondés veulent savoir de leur médecin de famille ce qui pourrait les attendre en fin de vie, cependant environ trois quarts souhaitent être informés à temps du droit de disposer de l’aide au suicide.

La majorité aimerait être, en fin de vie, accompagnée étroitement par son médecin. Ainsi, deux tiers attendent de ce dernier qu’il prépare les documents nécessaires à une telle procédure.

Du côté de l’association romande, ces résultats “ne surprennent pas du tout”, déclare à l’ats Dr. Jérôme Sobel, président d’Exit Suisse romande. Au début des années 2000, une étude similaire avait été menée en Suisse romande et laissait déjà apparaître cette tendance, explique-t-il.

La participation des médecins traitants à une procédure de suicide assisté est souhaitée, c’est un fait. Pour le spécialiste, il s’agit d’un “bon procédé” que l’association romande s’efforce d’appliquer. “Nous essayons d’inclure au mieux les médecins de famille”.

Pas de tabous

Les personnes interrogées attendent par ailleurs du corps médical qu’il leur fournisse des informations impartiales et détaillées sur toutes les décisions importantes du traitement.

Au vu des résultats du questionnaire, il est nécessaire que les médecins abordent le thème sans tabou avec leurs patients, a déclaré Marion Schafroth, vice-présidente d’Exit Suisse alémanique devant les médias à Zurich.

Elle a par ailleurs appelé plusieurs organisations de médecins, dont la commission centrale d’éthique de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM), à considérer l’assistance au suicide ou la prescription d’un euthanasiant comme une “activité médicale volontaire”.

Procédure simplifiée

Quant à la présidente de l’association alémanique Saskia Frei, elle a demandé à ce que la procédure soit simplifiée. Les suicides assistés ne doivent plus être établis comme des décès extraordinaires, mais doivent entrer dans une catégorie spéciale. Ainsi, police et Ministère public n’auront plus besoin d’ouvrir une enquête.

L’ordonnance sur le contrôle des stupéfiants devrait être complétée, estime Mme Frei. Il s’agit de spécifier que les médecins ont le droit de prescrire une dose mortelle d’un euthanasiant dans le cas d’une aide au suicide. Selon Albert Wettstein, l’ancien médecin de la ville de Zurich, cela aurait peu d’influence sur la pratique.

La commission centrale d’éthique de l’ASSM est en train de réviser ses directives “Prise en charge des patientes et patients en fin de vie”. Elle les a élaborées en 2004. Actuellement, des thèmes controversés comme une prise en charge financière du suicide font l’objet d’un examen.

Le sondage représentatif a été mené en mars auprès de 1036 personnes en Suisse alémanique âgées de 50 ans et plus par l’institut LINK à Berne.

Recours croissant

Créée il y a 34 ans, Exit Suisse alémanique compte plus de 100’000 membres. L’association romande possède, elle, 22’214 adhérents, ce qui représente 1% des Romands.

L’an dernier, Exit Suisse romande a aidé 213 personnes à mourir, soit 38 de plus qu’en 2014. Parmi elles, 59% étaient des femmes et 40% des hommes. L’âge moyen était de 78 ans. La tendance à la hausse s’observe aussi du côté alémanique, qui a enregistré 782 cas, soit 30% de plus qu’en 2014.

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