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Présidence de la Fed: Donald Trump va mettre fin au suspense

Jerome Powell est donné favori pour succéder à Janet Yellen à la présidence de la Réserve fédérale américaine (Fed). KEYSTONE/AP/ANDREW HARNIK sda-ats

(Keystone-ATS) Le président américain Donald Trump va mettre fin jeudi à un suspense qui tient les marchés financiers en haleine depuis plusieurs semaines en annonçant son choix pour diriger la banque centrale américaine (Fed).

Le mandat de Janet Yellen, une démocrate nommée par Barack Obama en 2014, arrive à échéance début février. La Maison-Blanche a indiqué qu’une annonce sera faite jeudi après-midi.

Selon le Wall Street Journal, Jerome Powell, un républicain modéré, déjà gouverneur de la Fed, dont le nom circule depuis des semaines, devrait l’emporter. La Maison-Blanche l’aurait informé dès mercredi soir de sa nomination, a indiqué le journal.

Ce choix est une des décisions économiques les plus importantes du mandat de Donald Trump, la Fed étant la banque centrale la plus puissante du monde.

Ses initiatives monétaires peuvent doper ou ralentir la première économie mondiale en fixant le coût du crédit, influer sur le dollar et par là sur tous les marchés financiers. La Réserve fédérale est aussi l’autorité de régulation des banques et le prêteur en dernier ressort en cas de crise.

Démarche inhabituelle

Dans une démarche inhabituelle, l’hôte de la Maison-Blanche a théâtralisé sa sélection au cours des dernières semaines, confirmant aux journalistes les cinq noms – parmi lesquels Janet Yellen – qu’il examinait pour le poste et laissant échapper régulièrement des commentaires sur les qualités respectives des concurrents.

Alors que pendant la campagne électorale il avait accusé “cette” Janet Yellen de jouer le jeu des démocrates en gardant des taux bas, Donald Trump n’a ensuite plus tari d’éloges vis-à-vis de cette femme “excellente” et “impressionnante”, reconnaissant que lui aussi aimait les taux d’intérêt quand ils sont bas.

“J’ai quelqu’un de très précis en tête et je pense que tout le monde sera très impressionné”, avait-il lancé récemment. Il s’agirait donc de Jerome Powell, un républicain centriste de 64 ans, déjà gouverneur à la Fed depuis cinq ans.

Cet avocat et ancien banquier d’affaires multimillionnaire a toujours suivi Janet Yellen dans ses décisions monétaires et représenterait donc une certaine continuité, tout en permettant à Donald Trump, en choisissant un républicain, de marquer de son sceau la direction de la banque centrale.

Facteur favorable pour l’administration qui a fait de la déréglementation un de ses chevaux de bataille pour débrider la croissance, M. Powell s’est récemment montré plus flexible que Janet Yellen sur l’évolution de la régulation financière.

Contre la tradition

Le fait de ne pas reconduire la dirigeante en place va constituer une nouvelle particularité de la présidence de Trump puisque, depuis 40 ans, tous les présidents ont reconduit le maître des lieux, même quand il était du parti opposé.

Ce fut le cas du président républicain Ronald Reagan dans les années 1980 qui avait confirmé Paul Volcker, pourtant choisi pour diriger la Fed par son prédécesseur démocrate Jimmy Carter, ou du démocrate Barack Obama qui avait reconduit Ben Bernanke, pourtant nommé par le républicain George W. Bush.

Ce manquement à la tradition pourrait toutefois ne pas avoir vraiment d’incidence alors que l’économie américaine se porte bien.

Quand Ronald Reagan avait prolongé Paul Volcker, les Etats-Unis sortaient juste d’une inflation dramatique, jugulée grâce à une série de hausses des taux de la Fed. Et quand Barack Obama avait choisi de reconduire Ben Bernanke en 2009, la crise financière provoquée par les “prêts à risque” (subprime) avait mis le monde financier à genoux.

Aujourd’hui, l’horizon semble plus rose avec une économie dans sa huitième année de reprise, un marché du travail proche du plein-emploi et des taux d’intérêt américains très bas, que Janet Yellen a commencé à remonter pour prévenir une éventuelle surchauffe.

Les trois autres candidats que Donald Trump avait retenus restent éventuellement en lice pour les postes vacants de gouverneur, dont celui du vice-président. Il s’agit de John Taylor, un professeur d’économie réputé, Kevin Warsh, un ancien gouverneur de la Fed proche du cercle de M. Trump, et Gary Cohn, l’économiste en chef à la Maison-Blanche.

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