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Présidentielle roumaine: Klaus Iohannis remporte largement le premier tour

"Victoire, nous avons vaincu les sociaux-démocrates", a lancé Klaus Iohannis, 60 ans, devant des sympathisants rassemblés à son siège de campagne. "Mais la guerre n'est pas finie, nous devons encore franchir une nouvelle étape dans deux semaines", lors du second tour, le 24 novembre, a-t-il ajouté. KEYSTONE/EPA/ROBERT GHEMENT sda-ats

(Keystone-ATS) Le proeuropéen Klaus Iohannis est arrivé largement en tête au premier tour des élections présidentielles en Roumanie dimanche. Il devrait affronter au second tour l’ex-Première ministre sociale-démocrate Viorica Dancila.

M. Iohannis, le président sortant libéral issu de la minorité allemande, a obtenu un peu plus de 36% des voix, selon des résultats partiels communiqués par l’Autorité électorale après le dépouillement de plus de 90% des bureaux de vote. Mme Dancila, dont le gouvernement a été renversé par le parlement le mois dernier, a recueilli 24% des voix. Son parti social-démocrate (PSD) a perdu environ 22 points depuis son triomphe aux législatives de 2016.

Klaus Iohannis “est assuré d’être reconduit pour un second mandat de cinq ans”, car le report des voix devrait se faire en sa faveur, a déclaré à l’AFP l’analyste politique Andrei Taranu.

“Victoire, nous avons vaincu les sociaux-démocrates”, a lancé M. Iohannis, 60 ans, devant des sympathisants rassemblés à son siège de campagne. “Mais la guerre n’est pas finie, nous devons encore franchir une nouvelle étape dans deux semaines”, lors du second tour, le 24 novembre, a-t-il ajouté.

Vote de la diaspora

“Je suis contente (…), nous sommes présents au second tour, je remercie ceux ayant voté avec leur coeur”, a pour sa part déclaré Mme Dancila. Son parti, qui a dominé la vie politique ces 30 dernières années, redoutait pour la première fois de ne pas se retrouver au second tour. Et Mme Dancila, première femme à se qualifier en Roumanie, paraissait soulagée dimanche.

Les estimations ne prennent pas en compte le vote des Roumains de la diaspora, dont un nombre record de 650’000 a exprimé son suffrage. Mais selon les analystes, il ne devrait pas changer l’ordre d’arrivée des candidats.

Après une forte mobilisation dans la matinée, la présence aux urnes s’est graduellement tarie, le taux de participation s’élevant à près de 48%, contre 52% il y a cinq ans.

Mobilisation des libéraux

“Il nous aura fallu trente ans pour avoir la possibilité de choisir entre des candidats qui ne soient pas tous issus du parti communiste”, renversé en décembre 1989, s’est félicité Bradut Bumbas, un Bucarestois rencontré dans un bureau vote, en compagnie de son épouse et de leur fillette.

M. Iohannis, un luthérien dans un pays orthodoxe, a axé sa campagne sur la défense de l’Etat de droit, menacé selon lui par des sociaux-démocrates qualifiés de “toxiques” et d'”incompétents”, en perte de popularité pour avoir tenté d’assouplir la législation anticorruption. Leurs projets de refonte du système judiciaire ont été vivement dénoncés par la Commission européenne.

Sous leur direction, la Roumanie s’est nettement moins teintée de nationalisme que la Hongrie ou la Pologne. Toutefois, depuis son retour au pouvoir, le PSD a multiplié les discours souverainistes ces trois dernières années, se présentant comme le défenseur des Roumains contre les institutions communautaires.

Corruption

Les sociaux-démocrates “n’ont plus de force, en l’absence d’un leader puissant”, a estimé M. Taranu, rappelant que l’ancien chef de cette formation, le sulfureux Liviu Dragnea, a été incarcéré pour corruption en mai. Accusés de corruption, “ils devront se chercher une nouvelle identité”, estime pour sa part le sociologue Vasile Dancu.

La réélection de Klaus Iohannis pourrait consolider le courant libéral à l’Est de l’UE face aux partis nationalistes, après les succès de progressistes en Slovaquie et en Hongrie cette année. Début novembre, un gouvernement libéral dirigé par Ludovic Orban a été installé à Bucarest en attendant les prochaines législatives prévues à la fin 2020.

Au total, 14 candidats se disputaient les voix des 18,2 millions d’électeurs.

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