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Procès de l’ex-président Fujimori pour des “stérilisations forcées”

Le procès de l'ancien président péruvien Alberto Fujimori pour des "stérilisations forcées" de milliers de femmes pauvres s'est ouvert lundi (archives). KEYSTONE/AP/MARTIN MEJIA sda-ats

(Keystone-ATS) Le procès de l’ancien président péruvien Alberto Fujimori pour des “stérilisations forcées” de milliers de femmes pauvres, dont beaucoup d’indigènes, entre 1996 et 2000, s’est ouvert lundi à Lima.

M. Fujimori, à la tête du pays de 1990 à 2000, trois anciens ministres de la Santé ainsi que d’autres fonctionnaires, sont poursuivis pour “atteinte à la vie et à la santé” des personnes, “blessures graves et violations graves des droits de l’homme”.

Le gouvernement avait lancé à l’époque un programme de planification familiale qui prévoyait des ligatures de trompes, théoriquement sur la base du volontariat. Cette politique avait pour objectif de réduire le taux de natalité et de promouvoir le développement économique.

Ligature des trompes

Selon les estimations officielles, 272’028 femmes péruviennes ont subi une ligature des trompes. Parmi elles, 2074 ont formellement porté plainte devant la justice pour avoir été forcées à une telle intervention. Au total, 18 femmes sont officiellement décédées des suites de l’opération.

L’ancien président d’origine japonaise, aujourd’hui âgé de 82 ans, qui purge une peine de 25 ans de prison pour corruption et violations des droits de l’homme, n’a pas participé à l’ouverture de l’audience virtuelle. Il n’est pas obligé de participer à l’ensemble des audiences de ce procès qui pourrait durer des mois.

Les victimes avaient déjà porté cette affaire devant la justice, mais en 2014 cette dernière avait refusé de poursuivre M. Fujimori estimant ne pas pouvoir prouver qu’il s’agissait d’une politique délibérée de sa part.

Registre national des victimes

En novembre 2015 le gouvernement péruvien avait ordonné la création d’un registre national des victimes de stérilisation forcée, et en avril 2018 le parquet général a engagé une nouvelle procédure judiciaire.

Le procureur général a estimé que les accusés “ont joué avec la vie des personnes et leur santé reproductive, sans se soucier des dommages” causés.

Jamais indemnisées, les victimes pourraient l’être par l’Etat dans le cadre d’une réforme du Plan de réparation pour les victimes du conflit armé que le Pérou a connu entre 1980 et 2000.

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