Des perspectives suisses en 10 langues

Produire du cannabis légal, le parcours du combattant

Co-fondateur de SwissGrinder Sarl, Frédéric Couderc contrôle sa production de cannabis légal (CBD). Avec son associé, il espère atteindre un seuil de rentabilité d'ici un ou deux ans. Les deux entrepreneurs constatent que la production de cannabis légal n'est pas une mine d'or, loin s'en faut. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Produire du cannabis légal ce n’est pas le nirvana, financièrement parlant du moins. Entre l’investissement de départ, les charges et les taxes, il ne reste plus grand-chose à la fin du mois.

Thierry Schalcher et Frédéric Couderc se sont lancés dans l’aventure il y a une année et ont créé SwissGrinder, une société à responsabilité limitée (Sàrl) en juillet 2017. Les premières difficultés ont été d’ordre administratif, explique Thierry lors d’un entretien avec Keystone-ATS.

“Au début, nous avons eu l’impression qu’il fallait une batterie d’autorisations, mais en fait non”. Les deux associés ont créé l’entreprise et l’ont inscrite au registre du commerce. La société est dûment annoncée auprès des autorités. Quelques contrôles ont été effectués depuis le début de l’activité.

Trouver des locaux a aussi été laborieux. Finalement, ils ont pu louer une halle industrielle dans le Valais central. “Il fallait surtout pouvoir disposer de beaucoup d’électricité”, précise Thierry. Et ensuite mettre en place les salles de culture.

Désillusion

Au final, la première récolte a été assez laborieuse. Avec quatorze kilos de produit à vendre, les deux associés ont eu l’impression d’avoir déjà atteint le but. “Mais pas du tout”, dit Thierry. “Au début, on parlait de 4000 à 5000 francs le kilo”. Au final, le cannabis légal a provoqué un engouement tel que les prix se sont effondrés.

“On s’est retrouvé avec quatorze kilos de feuilles et de fleurs de cannabis dont on ne savait trop que faire”, explique Thierry. Avec la surproduction, le prix au kilo était tombé à 1500 francs. Au lieu des 60’000 ou 70’000 francs escomptés pour une première récolte, ils ont encaissé environ 20’000 francs. Tout juste de quoi payer les charges.

Depuis, les deux associés ont travaillé d’arrache-pied pour améliorer leur outil de production. Ils disposent de quatre salles de production. Leur investissement de départ de 100’000 francs y est passé. Ils peuvent désormais espérer un maximum de cinq récoltes de 20 kilos par année.

Persévérer

Mais même à ce régime, la culture du cannabis reste une passion. Faire fortune est illusoire. Thierry fait un rapide calcul. Entre la location, l’électricité, les engrais, l’eau, la terre, les charges se montent à une centaine de milliers de francs par année. Il faut y ajouter la taxe sur le tabac, de 25%, pour les produits vendus directement en sachet.

A 1500 francs le kilo la production annuelle maximale permet de payer les factures et d’avoir un peu d’argent sur le compte, guère davantage. Frédéric et Thierry rêveraient de vivre de leur activité. Mais pour le moment, ils doivent encore compter sur un autre travail pour assurer leur revenu.

“On peut espérer sortir un petit salaire d’ici une année ou deux”, avance Thierry. Il constate que les prix se sont un peu stabilisés, que le nombre de cultivateurs a diminué. Il faudrait produire 150 kilos par année pour en vivre avec deux petits salaires. Malgré les difficultés, les deux entrepreneurs sont persuadés que leur persévérance finira par payer.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision