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Réfugiés: l’ONU lance un nouveau cri d’alarme

De nombreux Soudanais du Sud sont touchés par la malnutrition (archives). KEYSTONE/AP/STR sda-ats

(Keystone-ATS) Le nombre de réfugiés qui fuient les violences et la famine au Soudan du Sud dépasse toutes les estimations. L’ONU a révisé lundi à Genève son appel à 1,4 milliard de dollars pour 2017 afin de venir en aide à plus de 1,8 million de personnes dans les pays voisins.

Parmi ces réfugiés, un million sont des enfants. D’ici la fin de l’année, le nombre de ces migrants devrait s’établir à 2,1 millions, dont la moitié en Ouganda, a expliqué le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Actuellement, moins de 15% du financement de l’aide est garanti.

Cette progression des réfugiés atteint “des records”, a estimé le Haut Commissaire Filippo Grandi. Et dans le pays même, “les travailleurs humanitaires ne peuvent souvent pas atteindre les personnes les plus vulnérables qui ont faim”, a renchéri le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM) David Beasley. Beaucoup décèdent de famine ou de maladie. Ou sont contraints de fuir.

Par ailleurs, les violences ont tué 15 humanitaires dans le pays depuis début janvier, dont récemment trois personnes qui travaillaient avec le PAM près de Wau, et plus de 80 depuis le début du conflit fin 2013. Un autre employé a été tué dimanche, a annoncé M. Beasley. Il appelle “à mettre un terme” à cette situation dans un conflit qui a déjà fait en plus de trois ans des dizaines de milliers de victimes.

Aide pour 2,5 millions de personnes

En Ouganda, l’assistance a dû être diminuée en raison du manque de financement, a déclaré M. Beasley qui dénonce une situation “inacceptable”. Les gouvernements et les communautés des Etats de la région qui accueillent les réfugiés doivent être soutenus, a expliqué de son côté le Haut Commissaire de l’ONU.

La distribution de nourriture, d’eau, d’abris ou de soins devient difficile. Le PAM souhaite notamment en priorité apporter de l’aide à 2,5 millions de personnes qui ont besoin de nourriture.

Devant la presse, M. Beasley a mentionné deux difficultés. La famine qui touche ou menace 20 millions de personnes dans plusieurs pays de la région et une situation politique incertaine dans certains pays occidentaux qui ne font plus de l’assistance une priorité.

Deux millions de déplacés

Si les donateurs ne contribuent pas, encore plus de personnes, “davantage d’enfants” vont décéder, a estimé M. Beasley. Il demande également plus d’engagement politique pour mettre la pression sur les parties au conflit afin de parvenir à une trêve. Outre les réfugiés, environ 2 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du Soudan du Sud. Près de 8 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire.

L’ONU a déclaré en février un état de famine dans deux régions du pays où au moins deux décès pour 10’000 habitants sont constatés chaque jour. Parmi les autres critères, 30% des enfants sont confrontés à une malnutrition aigüe, les populations se déplacent massivement ou les habitants manquent de nourriture et d’eau.

D’autres zones sont “au bord de la famine”, a affirmé M. Beasley, en poste depuis un mois environ et qui s’est rendu dans de nombreux pays ces dernières semaines. Près de 5,6 millions de personnes sont atteintes de malnutrition au Soudan du Sud.

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