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Remous autour d’une visite officielle d’élus suisses en Russie

Jürg Stahl (UDC/ZH), président du Conseil national cette année, dirigera la délégation invitée en Russie (archives). KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Une délégation du Conseil national se rendra en Russie du 14 au 19 mai pour une visite officielle. L’invitation faite par le parlement russe date de 2016. Ce voyage, décidé par le président de la chambre Jürg Stahl (UDC/ZH), est contesté par Manuel Tornare (PS/GE).

La complexité de la situation des droits de l’homme en Russie, les sanctions internationales contre ce pays et le statut des ONG alimentent notamment la discussion sous la Coupole fédérale.

“Cette invitation est depuis longtemps sur la table”, a précisé Jürg Stahl mardi à l’ats. C’est la force de la Suisse que de chercher le dialogue avec différents pays, résume-t-il.

Après Moscou, la délégation se rendra à St-Pétersbourg pour y rencontrer le Premier ministre Dmitri Medvedev, selon les informations des services du Parlement. Les JO 2026, pour lesquels la Suisse est candidate, figureraient au programme des discussions.

Claudio Fischer, chargé des relations internationales au sein de l’Assemblée fédérale, partage le point de vue de M. Stahl. “Le dialogue n’a jamais cessé entre les autorités suisses et russes et chaque année, des rencontres de ce type sont organisées”, a-t-il indiqué à l’ats. Pour lui, ce voyage s’inscrit dans “un processus de dialogue normal” entre le parlement suisse et son pendant en Russie.

Outre MM. Stahl et Fischer, la délégation suisse sera composée des deux vice-présidents du Conseil national, Dominique de Buman (PDC/FR) et Marina Carobbio Guscetti (PS/TI), ainsi que des présidents de chaque groupe parlementaire: Adrian Amstutz (UDC/BE), Tiana Moser (PVL/ZH), Balthasar Glättli (Verts/ZH), Rosmarie Quadranti (PBD/ZH), ainsi qu’un membre du bureau du Conseil national.

Amnesty et HRW

Jürg Stahl a hérité d’une invitation délivrée en 2016 à sa prédécesseure au perchoir, Christa Markwalder (PLR/BE), “laquelle, pour des questions d’agenda, n’avait pu se rendre en Russie”, a détaillé M. Fischer. Mme Markwalder s’était rendue à la place en Ukraine.

Plusieurs rencontres bilatérales sont prévues sur place, notamment avec Viatcheslav Volodine, le président de la Douma (chambre basse du parlement russe) et avec Valentina Matvienko, présidente de la Chambre haute du même parlement, l’équivalent du Conseil des Etats.

Des rencontres avec deux vice-ministres sont également agendées. L’un d’eux est Vitali Moutko, ancien ministre des Sports, accusé d’être impliqué dans le vaste scandale de dopage mis en place par la Russie.

La délégation rencontrera aussi le directeur du bureau moscovite d’Amnesty International (AI), dont les locaux avaient été fermés en novembre dernier par les autorités russes sous prétexte “d’arriérés de loyers”. Une rencontre avec l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) est aussi prévue à Moscou.

Pas d’oeillères

“Nous privilégions le dialogue ouvert”, a poursuivi M. Fischer. Selon lui, le fait que des personnalités russes soient placées sur une liste noire “ne doit pas empêcher d’engager avec elles une discussion. Notre délégation aura un regard critique et abordera aussi des sujets délicats”, a-t-il ajouté, tout en confirmant que les parlementaires suisses prendront langue sur place avec des ONG.

“Parlementaires piégés”

Sur les ondes de Forum (RTS) lundi soir, le conseiller national Manuel Tornare (PS/GE) a estimé que les déplacements dans des “Etats voyous” sont problématiques. “Ils (les parlementaires) ne se rendent pas compte qu’ils sont piégés”, a-t-il jugé.

Son confrère, le popiste neuchâtelois Denis de la Reussille, n’est pas de cet avis: “Bien que nous n’ayons pour l’heure pas du tout évoqué ce voyage au sein de la commission de politique extérieure du Conseil national, il me semble normal d’entretenir le dialogue avec d’autres pays. Cette visite ne me choque pas”, a-t-il dit à l’ats.

Selon un porte-parole du Département des affaires étrangères (DFAE) interrogé par la RTS, cette diplomatie parlementaire ne risque pas d’interférer dans les relations que le Conseil fédéral entretient actuellement avec Moscou. Il a expliqué que les élus ont été briefés par la secrétaire d’Etat Pascale Baeriswyl, qui leur a expliqué les us et coutumes de la diplomatie.

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