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Ryanair: les personnels de cabine appelés à la grève dans 5 pays

Lors d'une conférence de presse à Londres, Michael O'Leary, le directeur général de Ryanair, a regretté les derniers mouvements d'arrêt du travail chez Ryanair. Il s'agit selon lui d'un mal "nécessaire" que la compagnie doit combattre pour conserver son modèle à bas coûts (archives). KEYSTONE/EPA/CARSTEN KOALL sda-ats

(Keystone-ATS) Les personnels de Ryanair sont appelés à la grève le 28 septembre dans cinq pays européens. Ce nouveau mouvement social au sein de la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts concernera la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

Après un été de pourparlers avec la direction de la compagnie, “rien n’a bougé, rien n’a changé. Ryanair continue à ne pas respecter les lois locales et les lois européennes”, a affirmé jeudi à Bruxelles Didier Lebbe, du syndicat belge CNE/LBC, affilié à la Confédération des syndicats chrétiens.

Il a expliqué que ce mot d’ordre concernant hôtesses et stewards pourrait être étendu aux pilotes dans certains de ces pays. Le responsable syndical belge, le premier à prendre la parole devant la presse, a aussi laissé planer la menace d'”une grève par mois jusqu’à ce que ça change”.

Une précédente grève organisée dans cinq pays européens le 10 août, en pleine période de congés estivaux, avait entraîné quelque 400 annulations de vol. Le mouvement social avait affecté plus de 55’000 passagers.

Ryanair parie sur un échec

Dans un communiqué diffusé peu avant la conférence de presse, le directeur du marketing de Ryanair Kenny Jacobs a déclaré que la compagnie ne prévoyait “qu’un faible nombre d’annulations de vols” le 28 septembre. M. Jacobs a anticipé “l’échec” de la grève.

Ryanair subit une agitation sociale inédite depuis un an, avec des milliers de vols annulés, des grèves dans plusieurs pays et une contestation endémique chez ses pilotes, hôtesses et stewards.

Mais le 28 septembre, il s’agira du “plus gros mouvement de grève jamais connu” par la compagnie, avaient menacé la semaine dernière les syndicats réunis à Bruxelles (CNE de Belgique, Ultrasporti et Filt-CGIL d’Italie, SITCPLA et Uso d’Espagne, SNPVAC du Portugal et FNV des Pays-Bas).

Contrats de travails locaux

Ces organisations continuent de réclamer en priorité des contrats de travail relevant du pays de résidence des employés. Selon Yves Lambot (CNE), Ryanair “promet pour 2022 la transformation des contrats en contrats nationaux”, mais “c’est beaucoup trop tard pour nous (…) 2022 ça va faire partie des obligations qui sont demandées par la Commission européenne”.

L’annonce de ce mouvement intervient au lendemain de nouvelles déclarations fracassantes du directeur général de Ryanair, Michael O’Leary. Ce dernier a prévenu qu’il ne comptait pas “s’écraser” devant les syndicats qui font grève.

Mercredi, un mouvement social de 24 heures lancé à l’appel de syndicats allemands de pilotes et de personnels de cabine a entraîné la suppression de 150 vols Ryanair au départ et à destination de ce pays.

Ces salariés allemands exigent, outre l’augmentation de leurs salaires, la mise en place d’un salaire minimum, des contrats locaux et non irlandais. Ils demandent aussi la prise en compte de la totalité des heures effectuées, y compris avant et après le décollage de l’appareil.

“Un mal nécessaire”

D’une manière générale, les syndicats reprochent à la compagnie sa politique d’emploi, le recours à des contrats précaires et au dumping social. L’entreprise rejette ces accusations, affirmant mieux payer ses pilotes que ses concurrents, ce que ces salariés démentent.

Lors d’une conférence de presse mercredi à Londres, M. O’Leary a regretté les derniers mouvements d’arrêt du travail chez Ryanair, mais jugé qu’il s’agissait d’un mal “nécessaire” que la compagnie devait combattre pour pouvoir conserver son modèle à bas coûts.

Le transporteur irlandais a connu une croissance considérable avec un bénéfice en 2018 prévu à plus de 1,25 milliard d’euros. Toutefois, signe d’une sérénité toute relative, Ryanair a décidé de tenir éloignés les médias de l’assemblée générale de ses actionnaires prévue le 20 septembre.

La réunion pourrait donner l’occasion aux syndicats de se faire entendre. Depuis sa déclaration d’intention historique de décembre 2017, Ryanair n’a reconnu officiellement des syndicats qu’au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne et en Irlande. Aucun accord n’a été entériné dans les autres pays où elle est présente.

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