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Saint-Gobain renonce à prendre le contrôle de Sika

Le conflit autour de la prise de contrôle de Sika a enfin trouvé son épilogue (archives). KEYSTONE/URS FLUEELER sda-ats

(Keystone-ATS) Le groupe zougois de spécialités chimiques Sika et le français Saint-Gobain ont trouvé un terrain d’entente après plus de trois ans de conflit. Les protagonistes mettent fin à l’ensemble des procédures judiciaires en cours.

Le groupe français acquiert pour 3,22 milliards de francs la holding Schenker-Winkler (SWH) de la famille Burkard, les héritiers des fondateurs de Sika, selon le communiqué publié vendredi. Ce montant reflète une augmentation de plus de 500 millions par rapport au prix d’acquisition initialement convenu en décembre 2014, prenant en compte la hausse de la valeur de Sika depuis 2014.

Mais Saint-Gobain cède une participation de 6,97% dans Sika au groupe zougois pour 2,08 milliards de francs et s’engage à conserver les 10,75% restants pour un minimum de deux ans. Ce montant inclut une prime de 795 millions de francs par rapport au cours de Bourse du 4 mai.

Sika va organiser le 11 juin une assemblée générale extraordinaire afin de fusionner ses deux actions cotées à la Bourse suisse, de supprimer la clause d’opt-out et la limitation statutaire de transfert des titres à 5% et de supprimer les 6,97% d’actions acquises auprès de SWH.

“Issue très positive”

La holding familiale, qui sera alors détenue par Saint-Gobain, s’est engagée à voter en faveur de toutes les résolutions. Le groupe français, qui ne sera pas représenté au conseil d’administration, s’est par ailleurs engagé à ne pas soumettre d’offre publique d’achat pendant six ans.

“Sika, la famille Burkard et Saint-Gobain ont signé un accord global qui résout et met définitivement fin aux litiges qui les opposent, au bénéfice de chacune des parties et de celui de leurs actionnaires respectifs et de leurs parties prenantes”, a affirmé dans un communiqué le PDG de Saint-Gobain Pierre-André de Chalendar.

Ce dernier a estimé qu’il s’agissait d'”une issue très positive, tant d’un point de vue financier que stratégique”. Selon le PDG de Saint-Gobain, le groupe dégage ainsi “un résultat net positif de plus de 600 millions d’euros pour (ses) actionnaires” tout en conservant “une participation minoritaire dans une belle société”.

Intérêt des actionnaires

Le président du conseil d’administration de Sika, Paul Hälg, et le directeur général Paul Schuler ont estimé que “cette solution permet d’amorcer un nouveau chapitre de (leur) réussite” et que “l’introduction d’une structure de gouvernance moderne fournira à Sika une base solide pour accélérer sa croissance”.

Urs Burkard, porte-parole de la famille héritière, a pour sa part indiqué que cette solution était “respectueuse des intérêts de l’ensemble des actionnaires et constitue une base solide pour soutenir la croissance et la prospérité à long terme de Sika”. Saint-Gobain et Sika souhaitent étendre leurs relations commerciales existantes tout en préservant l’indépendance de chacun, précise le communiqué.

Long blocage

L’origine du litige remontre à décembre 2014. La famille Burkard avait alors accepté de Saint-Gobain 2,75 milliards de francs en échange de ses parts, qui se montent à 16,1% du capital mais représentent 52,4% des droits de vote. Le groupe tricolore avait récemment réitéré ses prétentions sur Sika, lors de la publication de ses résultats annuels.

La direction et une majorité du conseil d’administration de Sika s’étaient opposées à cette transaction et avaient bloqué l’opération. Récemment, l’avocat de la famille Burkard s’était épanché dans la presse alémanique sur le souhait des héritiers de renégocier le contrat conclu avec la société française.

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