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Sarkozy renvoyé en procès pour ses dépenses de campagne

Des meetings spectaculaires pour Nicolas Sarkozy en 2012 (ici sur la place du Trocadéro), et des dépenses qui ont pris l'ascenseur. KEYSTONE/AP Pool Reuters/PHILIPPE WOJAZER sda-ats

(Keystone-ATS) Un juge d’instruction a ordonné le renvoi en procès de 14 protagonistes de l’affaire dite “Bygmalion”, dont Nicolas Sarkozy, pour ses dépenses excessives lors de la campagne présidentielle de 2012. Mais l’ancien chef de l’Etat va faire recours.

C’est la deuxième fois qu’un ancien président français est renvoyé en procès dans une affaire politico-financière sous la Ve République. Jacques Chirac (1995-2007) avait été condamné en 2011 dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.

Retraité politique depuis sa défaite à la primaire de la droite le 20 novembre, Nicolas Sarkozy, 62 ans, est renvoyé en procès pour financement illégal de campagne électorale, délit passible d’un an de prison et de 3750 euros d’amende.

La pensée “émue” de Fillon

Lui-même empêtré dans les soupçons d’emploi fictif de son épouse comme assistante parlementaire, le candidat de la droite à la présidentielle François Fillon a dit avoir “une pensée émue” pour Nicolas Sarkozy, dont il fut le Premier ministre.

Concrètement, l’ancien président se voit reprocher, dans une ordonnance signée du 3 février, d'”avoir dépassé le plafond des dépenses électorales”, “en engageant, sans tenir compte des deux alertes adressées par les experts comptables de sa campagne les 7 mars et 26 avril 2012, des dépenses électorales pour un montant d’au moins 42,8 millions d’euros”. Une somme qui va bien au-delà du plafond légal fixé à 16,851 millions d’euros pour le premier tour et 22,509 millions pour le second tour, a expliqué une source judiciaire.

Un dépassement fruit d’une “stratégie” d'”occupation maximale de l’espace médiatique et télévisuel, avec la multiplication de meetings souvent spectaculaires, à la scénographie très étudiée, nécessitant l’emploi de moyens considérables et coûteux”, note le juge Serge Tournaire dans son ordonnance.

Un chiffre “fantaisiste”

Par la voix de son avocat Thierry Herzog, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il ferait appel de cette ordonnance, signée seulement par l’un des deux magistrats saisis. Selon des sources proches du dossier, le juge Renaud van Ruymbeke ne partage pas l’analyse de son collègue sur une implication de l’ancien chef de l’Etat.

“Ce désaccord manifeste (…), fait rarissime pour être souligné, illustre l’inanité de cette décision”, a affirmé Me Herzog. Il rappelle que son client “dément formellement avoir été informé d’un quelconque dépassement de son compte de campagne”.

“J’affirme que le chiffre fantaisiste de 42,8 millions d’euros, montant de ce prétendu dépassement, n’a jamais été évoqué au cours de l’information”, ajoute-t-il, assurant que le libellé de sa mise en examen n’en faisait pas mention.

Cadres de l’ex-UMP, responsables de l’équipe de campagne, dirigeants de Bygmalion et experts-comptables: le juge a ordonné le renvoi en procès de treize autres protagonistes pour faux ou usage, escroquerie ou complicité, abus de confiance ou recel et complicité de financement illégal de campagne.

Fausses factures

L’affaire porte avant tout sur un système de fausses factures à grande échelle pour masquer le dépassement du plafond, en profitant des faiblesses des contrôles.

Le scandale avait éclaté en 2014 quand des cadres de Bygmalion avaient révélé cette fraude au profit de la campagne sarkozyste. Ils étaient alors eux-mêmes accusés de malversations, mais en faveur de leur proche Jean-François Copé, finalement mis hors de cause.

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