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Schneider-Ammann veut une réciprocité pour les achats d’entreprises

L'accord de libre-échange que la Suisse a conclu avec Pékin en 2014 figure au centre du voyage de Johann Schneider-Ammann en Chine. KEYSTONE/AP/MARK SCHIEFELBEIN sda-ats

(Keystone-ATS) Alors que les fonds souverains chinois peuvent acquérir des entreprises en Suisse, cette pratique est refusée aux sociétés helvétiques en Chine. Selon le ministre Johann Schneider-Ammann, en mission diplomatique dans ce pays, il faut remédier à cette inégalité.

“Pour les infrastructures telles que les réseaux électriques ou les télécommunications”, le Conseil fédéral devrait pouvoir intervenir “lorsqu’une telle entreprise est menacée par une reprise de l’étranger”, a dit samedi M. Schneider-Ammann dans une interview à la Schweiz am Wochendende.

Dans ce genre de situation, peu importe qu’il s’agisse d’un fonds souverain chinois ou d’une entreprise américaine qui affiche des envies d’acquisition, estime le ministre de l’économie.

La Suisse exige en outre la réciprocité: les entreprises suisses devraient aussi avoir la possibilité d’acquérir des sociétés dans l’empire du milieu. “C’est un sujet de négociation pour le comité mixte”, précise le conseiller fédéral libéral-radical. Il ne détaille pas comment il gère ce dossier avec ses partenaires chinois durant son voyage en cours, qui se termine dimanche.

Lutter à armes égales

La conseillère fédérale Doris Leuthard avait fait la même proposition à son retour de Chine il y a environ un mois. Elle s’inquiétait d’éventuels rachats d’entreprises suisses d’importance stratégique par des groupes chinois.

Selon elle, Berne devrait réclamer la réciprocité, c’est-à-dire n’autoriser le rachat sans condition que dans le cas où des firmes suisses peuvent aussi procéder sans problème à des acquisitions en Chine. Il est important que les entreprises suisses et chinoises luttent à armes égales, assurait-elle.

Et dans le cas d’entreprises d’importance stratégique, il serait indiqué pour Mme Leuthard qu’elles restent majoritairement en mains helvétiques et que la Commission de la concurrence (ComCo) examine le dossier.

Elargir le libre-échange

Au centre du voyage de Johann Schneider-Ammann figure l’accord de libre-échange que la Suisse a conclu avec la Chine en 2014. Cet accord est vaste et concerne tous les biens, services et flux de capitaux. Mais le conseiller fédéral voit manifestement encore des possibilités d’élargir ce traité: “Nous allons examiner si nous pouvons encore éliminer des obstacles supplémentaires dans cet accord”.

Car malgré le franc fort et un ralentissement de la croissance en Chine, “nos exportations vers ce pays, à l’exception du commerce de l’or, ont crû en moyenne de 8% par année”, note le conseiller fédéral.

Derrière l’Union européenne et les Etats-Unis, la Chine représente le troisième marché d’exportation pour l’économie suisse, avec un volume de 37 milliards de francs en 2017. La Suisse y vend principalement des produits pharmaceutiques, des machines et des montres, tandis que le géant asiatique exporte en Suisse surtout des machines, de l’électronique et du textile. Avec un montant de plus de 21 milliards de francs, la Chine est aussi le premier lieu d’investissement des entreprises helvétiques en Asie.

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