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Sept contournements routiers fribourgeois à l’étude

A l'ère des contournements à tout va, pourquoi ne pas envisager un évitement de tout le canton de Fribourg par l'ouest ou par l'est, a illustré avec ironie le député Olivier Suter (Verts). sda-ats

(Keystone-ATS) Le canton de Fribourg ne sait pas où donner de la tête pour ses futurs chantiers routiers. Sept projets de contournement seront à l’examen, soit deux de plus que prévu. Le Grand Conseil a revu la copie du Conseil d’Etat.

Le crédit pour les études et achats de terrains grimpe donc de 26,7 à 34,8 millions de francs. Les députés y ont donné leur feu vert jeudi par 61 voix contre 26, et 3 abstentions. “Il n’est pas possible de réaliser tous les projets en même temps”, avait prévenu le conseiller d’Etat Maurice Ropraz, demandant en vain d’éviter d’ajouter des millions “à la dernière minute, à la louche”.

Parmi une série de projets envisagés, le gouvernement cantonal avait sélectionné Romont (district de la Glâne), Courtepin (Lac), Belfaux, Neyruz et Prez-vers-Noréaz (Sarine). Mais par deux amendements, le législatif a ajouté Chiètres (53 oui, 36 non, 8 abstentions) et Givisiez (46 oui, 43 non, 9 abstentions).

Tous les projets devront repasser au Grand Conseil pour les crédits de réalisation. Les travaux commenceront au plus tôt en 2021. L’ensemble des chantiers prévus coûterait un demi milliard de francs d’investissement, en comptant les trois autres déjà choisis (Guin, Marly-Matran, Pont du Tiguelet à Givisier).

Rivalités régionales

Maurice Ropraz n’a pas passé une matinée de tout repos: les députés ont multiplié les interventions pour critiquer vertement le paquet proposé par le gouvernement. Certains ont suspecté un certain électoralisme, avant les élections cantonales de novembre prochain.

Comme ce dossier stimule les convoitises régionales, bon nombre de députés ont critiqué la sélection qui a été faite. Ils ont plaidé pour des projets dans leurs propres communes ou districts.

D’autres ont jugé que les choix n’étaient pas assez argumentés. Pour certains, les projets ne prennent pas assez en compte les transports collectifs, la mobilité douce ou encore les trottoirs.

“On a des problèmes de riches” a commenté pour sa part Hubert Dafflon (PDC). L’Etat ouvre les vannes pour un “multipack” avec de bons mais aussi de moins bons projets, qui selon lui ne passeraient pas la rampe si le canton n’avait pas une si grande fortune.

“Bricolage”

Laurent Thévoz (Verts) a dénoncé “un décret qui tombe du ciel”, précipité, et comportant des incohérences. Il a déploré que la fortune soit utilisée pour “goudronner un peu plus le canton” au lieu de porter sur des projets plus modernes et novateurs.

Il a demandé de renvoyer le dossier au Conseil d’Etat, sans succès malgré le soutien d’une partie des socialistes. Les députés ont refusé par 70 voix contre 28, et 5 abstentions.

Son collègue de parti Olivier Suter s’est dit choqué par ce “bricolage incroyable”. Les investissements globaux à prévoir représentent “quatre fois plus que le pont de la Poya, tout ça pour passer de l’ère du giratoire à l’ère du contournement !”.

Et de distribuer dans les travées un papier d’une ironie mordante illustrant d’autres variantes surréalistes: contourner carrément tout le canton de Fribourg, “par l’ouest ou par l’est – tracé à déterminer”, ou encore des “variantes longues” de contournement, par les océans ou par les pôles.

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