Silvio Berlusconi revendique la victoire en Sicile
(Keystone-ATS) L’ancien président du Conseil italien Silvio Berlusconi a réussi un surprenant retour sur la scène politique italienne. Il a revendiqué lundi la victoire de sa coalition de centre droit dans les élections régionales de dimanche en Sicile.
Après dépouillement des bulletins de vote de près de 90% des bureaux (4466 sur 5300), Nello Musumeci, soutenu par Silvio Berlusconi (Forza Italia, centre droit) et Matteo Salvini (Ligue du Nord, extrême droite), obtient 39,77% des votes. Le candidat du Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste) Giancarlo Cancelleri est nettement devancé, avec 34,76% des voix.
A quelques mois d’élections législatives prévues en mai 2018, le scrutin est en-deçà des espérances du M5S, qui ambitionnait de remporter sa première région. Il constitue aussi un sérieux revers pour le centre gauche au pouvoir.
Il semble en revanche consacrer l’énième retour sur la scène politique de Silvio Berlusconi, 81 ans, ancien chef du gouvernement, magnat des médias et véritable sphinx de la vie politique dans la péninsule. Il en avait été écarté en raison d’affaires de corruption et de scandales à caractère sexuel.
“Comme je l’avais demandé, la Sicile a choisi la voie d’un changement réel, sérieux et constructif fondé sur l’honnêteté, la compétence et l’expérience”, a déclaré M. Berlusconi dans une vidéo publiée sur son compte Facebook.
Défaite cuisante pour le PD
Les derniers chiffres confirment également que Fabrizio Micari, candidat du Parti démocrate (PD, au pouvoir) de Matteo Renzi, a réussi à limiter les dégâts par rapport à son adversaire à gauche Claudio Fava. Il obtient un peu plus de 18,5%, contre moins de 7% pour M. Fava, même si la défaite reste cuisante pour le centre-gauche qui gouvernait depuis cinq ans la Sicile.
Le scrutin organisé dimanche est considéré comme un indicateur de la tendance qui pourrait se dégager lors des élections législatives au printemps prochain. La Sicile est un fief traditionnel de la droite italienne, mais le PD avait réussi à s’y imposer en 2012 grâce aux divisions au sein du bloc conservateur.
Cette fois, Silvio Berlusconi a réussi à rassembler les différents courants sous son nom. “A partir de la Sicile, nous allons démontrer qu’il s’agit d’un modèle gagnant qui peut triompher au niveau national”, a commenté Giorgia Meloni, chef de file des Frères de l’Italie, parti qui appartient à l’alliance de droite.
Le M5S se console
Le M5S a mené une campagne très offensive pendant des mois en Sicile. Le mouvement espérait arracher son premier succès au niveau régional après la conquête de plusieurs mairies importantes comme Rome et Turin. Son leader, Luigi Di Maio, a expliqué que la formation populiste avait été pénalisée en Sicile par le faible taux de participation.
Moins de la moitié des électeurs ont déposé un bulletin dans l’urne. “Je pense que dans deux ou trois mois, ceux qui se sont abstenus vont regretter de ne pas être allés voter”, a dit M. Di Maio. Il a affirmé que si le taux de participation avait été de trois à quatre points supérieur, son mouvement l’aurait emporté.
Bien que cette défaite constitue une déception pour le M5S, ce dernier peut se consoler en se disant qu’il est la plus importante formation politique de la région. Le centre droit est en effet une coalition de plusieurs partis et Forza Italia de Berlusconi n’a obtenu que 15% des suffrages.
Lundi, le M5S assurait qu’il resterait “le vainqueur moral” du scrutin. “Ils ont gagné, mais c’est une victoire entachée, contaminée par les ‘imprésentables'”, le nom que l’on donne en Sicile aux politiciens soupçonnés de collusion avec la mafia, a déclaré M. Di Maio.
